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La Petite Gironde, 2 mars 1914

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La Petite Gironde
2 mars 1914


Extrait du journal

Les Heures bordelaises, de M. Jacques Estarvielle, seront-elles le livre d'or de le nouvelle Société ? Les contes dont la pre mière série parait sous ce titre mettent en scène des aspects, des types et des mœurs de notre cité avec un humour puisé aux sources vraiment locales. Les milieux les plus divers sont évoqués avec le trait coloré et l’accent révélateur, depuis la petite marchande de « royans » de la rue Sainte-Catherine; le paysan béar nais en balade à la Foire des Quinconces; la petite bourgeoise qui succombe sous le rayonnement d'une fourrure; le marchand péri gourdin déguisé en Turc et familier des cafés, jusqu'au Mécène des Ch aurons, avec sa conception spéciale de la poésie. Sans doute tous et toutes vivent d’une vie un peu brutale, j’allais dire animale. Ce ne sont pas des exemplaires d’humanité bordelaise très décoratifs, et l’auteur n’a pour ses modèles qu’une molle indulgence. Mais cette plaquette est la première d’une série, et l'on peut augurer que la prochaine fournée sera traitée avec plus de bienveil lance. Au reste, U semble que M. Estarvielle s’attache avec plus de bonheur a peindre les milieux et les types que les âmes, qu’il a choisies à dessein un peu grossières. Voi ci un croquis d’une conférence mondaine à Tria non dont vous goûterez le dessin : « Deux heures d’horloge ils ouïrent Je han de Saintyves, arbitre des élégances pa risiennes, disserter avec de jolis ronds de bras et des mines adorables sur le rôle du tango dans la formation idéale de le jeune fille moderne. La salle était couleur de printemps, les femmes 'blanches et roses, l'atmosphère capiteuse. Bâti fol et Duroc, notables trafiquants des Chartrons, étaient dans leur monde, occupés aux seuls nobles problèmes qui conviennent à partir d’un certain chiffre d’affaires. Non point qu’ils s’intéressassent beaucoup aux propos quin tessences de Jehan de Saintyves. Même, à vrai dire, esprits positifs, il leur semblait entendre des calembredaines. Mais eus sent-ils jamais consenti à avouer qu’ils s’en nuyaient ? Un homme classé, catalogué par les mille trompettes du journalisme au premier rang des célébrités de la capitale, un homme qui touche mille francs de ca chet et ne daigne point parler devant le populaire, ne peut être ennuyeux. Il serait aussi ridicule de soutenir le contraire que d’accoler l’épithète de médiocre à un château-yquein vendu trois louis la bouteille. » M. Estarvielle connaît le Tout-Bordeaux; il nous montrera par la suite — par la suite au prochain numéro — qu’il connaît aussi Bordeatat......

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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