Extrait du journal
AU BORD DES LACS; AU LONG DES GAVES (Suite). Dans la pêche de la truite à la volante, le choix de l’amorce n’a pas la même im portance pour tous les pêcheurs. Il en est qui trouvent toutes les mouches égale ment bonnes, voire même celles qui s’é loignent le plus de la réalité par leurs vives couleurs et leurs formes. Limitée aux mois d été, cette observation ne man querait pas de justesse. Cependant, je préfère, d’après mon pécheur palois, vous offrir ce judicieux conseil : Quand vous aurez décidé de pêcher dans un cours d’eau, un lac ou un gave, fréquentez-en les rives avant d’armer votre ligne d’a morces artificielles; considérez les insec tes, mouches et moucherons qui volent sur ces rives, attrapez-en quelques-uns, notez en la structure, les couleurs, la grosseur et, alors, employez des mouches de mêmes teintes et de même volume. Certains pécheurs remplacent la mou che artificielle par la grosse mouche verte naturelle. Ne les imitez pas. La première, entre autres avantages, sert plus longtemps d’abord : la seconde a la déplorable habi tude de vivre plus souvent ailleurs que .-.ur les roses. Aussi bien, on aurait tort de croire — assure M. J. D..., un fervent de l’amorce artificielle — que le même genre de mou che puisse être lancé avec succès, à la truite, pendant toute une journée. Pour peu qu’on erre, en effet, sur les berges, on remarque vite que les hôtes ailés qui peu plent les bords des eaux varient suivant les saisons, suivant les heures. 11 serait impru dent d'assurer, néanmoins, que chaque heure a sa mouche; on peut affirmer, en tout cas. qu'une amorce artificielle excel lente le matin, comme grosseur, couleur et forme, ne vaudra peut-être plus rien le soir. Si le soleil parait, les mouches aux ailes bleues et noires, à reflets métalliques, sont indiquées. Les couleurs vives — jaune, rouge, vert avec un peu de blanc— conviennent aux temps orageux, sombres, bien qu alors la capture de la truite soit difficile. Les mouches aux grandes ailes en plume blanche sont de piètres amorces, et il n’est pas inutile, en somme, que, sur l'hameçon, l'insecte choisi se rapproche le plus possible de l'état de nature. Si le temps est clair, pêchez la truite à la mouche artificielle : le matin, de l'aube jusqu'au grand soleil ; le soir, de quatre heures au crépuscule. Ce sont là les meil leurs moments. Un temps couvert permet de pêcher toute la journée. S’il a tonne ou plu, s'il y a de l'orage dans l'air, ne prenez pas la peine de lancer votre ligne. La règle, cependant, souffre des excep tions, et quelques pêcheurs, évidemment, prennent des truites à tout instant du jour, quelque temps qu'il fasse. Ce sont là plu tôt des raccrocs. Quant aux lieux propices à la pêche à la volante, indépendamment des conditions formulées en mon premier article, mon pêcheur palois recherche, de préférence, les courants peu profonds, quels qu’ils soient, les endroits où l'eau se brise en écume blanche, le pourtour des rochers, et même un peu d'ombrage, si rien, dans ce cas, ne s’oppose au jet de la ligne. Lors qu'il n’est pas trop fort, le vent est, en outre, un auxiliaire précieux, en ce sens qu'il fait tomber, à chaque instant des feuilles, des insectes qui retiennent le pois son entre deux eaux, prêt à s’élancer sur l'amorce, habilement amenée à la sur'a ce. L’opinion de M. J. D... est qu’on doit chercher la truite aux endroits — suscep tibles d’être explorés, bien entendu — les plus rapprochés de la source du gave où l'on pêche. La truite, en effet, remonte toujours le courant. A l'encontre du pê cheur palois, M. J. D... souhaite que l'eau — pas trop claire, nous sommes tous d'ac-. cord là-dessus — « ait une certaine pro fondeur ». Il souhaite les lieux à l’abri du vent et aime les remous, les chutes d'eau, les anfractuosités sombres, les rochers qui surplombent et versent un peu d’om bre aux trous faiblement éclairés par le soleil, les petites lagunes encaissées, — là où la truite se tient, l’ouïe fine, l’œil à peine clos. Quand le pêcheur connaît bien ses eaux, les meilleurs endroits découverts, il lui reste à utiliser sa science, dans le silence absolu qui doit tomber autour de lui et en velopper de mystère ses actes, il s'appro che du bord le moins possible, comme le ferait, devant l’autel d’un temple, un de ccs fervents auxquels la foi communique une sorte de religiosité muette et crain tive. Parfois, le soleil le trahit, projette en ombre violente sa silhouette sur le bleu du gave ; alors le pêcheur, le vrai pêcheur,...
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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