Extrait du journal

D’ailleurs, le goût de la peinture n’est en France qu’une question de mode. Le vernissage des artistes français a été passablement terne. Non point qu'u ne grande foule ne se pressât point au tour des toiles et des statues. * mais, ce n’était pas la cohue élégante de jadis.Alors qu’on était sûr, il y a vingt ans, de rencontrer au vernissage Tout - Paris, mondains, mondaines, demi-mondaines et artistes, c’est la bourgeoisie la plus quel conque qui, à présent, constitue l’effectif des visiteurs. Je n’ai pas vu dix mes sieurs en chapeau haut de forme, je n'ai pas vu dix toilettes sensationnelles. Les femmes les plua élégantes portaient des tailleurs extrêmement sobres et de ccs vi lains petits chapeaux de cuir et de peau qui sont en vogue aujourd’hui. Il ne faut pas chercher à comprendrt encore moins quand il s’agit des modistes que des militaires. Pour ce qui est du vernissage, il ne conserve plus guère un caractère de ma nifestation bien parisienne, ce qui n'em pêche pas d’entendre les mômes sottises et les mômes niaiseries. C’est Edmond dé Concourt qui a écrit cette phrase : « Rien n’entend plus de bêtises qu’un tableau, n La séance continue et les connaisseurs sont chaque jour plus rares. D'ailleurs j’avoue que c’est beaucoup la faute des littérateurs qui se permettent de faire avec beaucoup d'autorité de la critique d'art. Ils ignorent le métier du peintre et s’en fient à leurs goûts pc- c’est de le critique personnelle qui aurait son prix s’ils se contentaient de dire ; « J’aime ce tableau pour telles ou telles raisons qui sont des raisons de sentiment. » Mais ils veulent employer des expressions techni ques, parlent de pâte, d’ombre, de tou ches vigoureuses, de constructions sofw des, d'un tas de choses qu’ils plaquent dans leurs écrits pour se donner un petit air averti. Si des peintres se mêlaient de foire de pareils articles de critique litté raire, on entendrait les protestations deal gens de lettres, mais le gens de lettres est un charmant touche à tout qui s’au torise toutes les audaces dès qu’il a une plume à la main. Ce qui est assez grave c'est que peu à peu l’art évolue sans direction bien pré cise et que les écrivains sont responsables»...