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La Petite Gironde, 9 août 1898

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La Petite Gironde
9 août 1898


Extrait du journal

M. Girard, chef du laboratoire de la Ville de Paris, est un homme terrible qui n’a pas son pareil pour démasquer les fraudes, mélanges, sophistications variées qui anémient la pau vre humanité. Impitoyable aux progrès trop ingénieux de la science, il attend au fond de ses cornues les produits impuissants à justifier de leur identité, et les livre au mépris public. Les lentilles artificielles, les margarines qui s'ano blissent du titre de beurre, et les glands grillés qui se décorent du pseudonyme de café, sortent de chez lui déshonorés. M. Girard a même eu maille à partir avec les marchands de vin... du Nord, bien en tendu, et il a fallu batailler longtemps pour désarmer ce féroce inquisiteur qui tournait et retournait sur le feu les bouteilles les mieux défendues contre le soupçon par l'état civil de leur étiquette. Mais le chimiste et l'inquisiteur ne sont rien chez M. Girard auprès de l’inventeur — du moins si nous en jugeons par ces révéla tions d'un journal spécial de Paris : • M. Girard, chef du laboratoire munici pal, aussi fin gourmet que distingué chimiste, a imaginé le sandwich suivant: un peu de fro mage frais à la crème, dit « petit-suisse », en tre deux gaufrettes Anglaises. # Certes, ce sandwich au fromage ainsi pré paré ne saurait être dédaigné, mais ce n’est pas la peine d'avoir pâli sur Lavoisier, Berthoilet et Wurtz pour • imaginer • un entre mets pareil et le livrer à la publicité. Il y a bel âge que vous et moi, cher lecteur, avions pratiqué au dessert, ce rapprochement entre le fromage A la crème et les gaufrettes sans songer à prendre un brevet. Eh bien ! nous fai sions une invention comme M. Jourdain fai sait de la prose, sans le savoir. La vérité est que nous avions le tort de ne pas faire de chimie entre nos repas et de n’ê.re pas cotés par l’Institut. « Pour arriver A la gloire, en quelque matière que ce soit, — .a dit un penseur, — il faut d'abord être...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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