Extrait du journal
tentations et vous met en demeure de choisir; Les vitrines rivalisent de brillant, d’entrain, de séduction, vous persuadent que tel objet^ au quel vous n'aviez jamais pensé de votre vie est soudain devenu in dispensable, ou vous murmurent les remerciements anticipés d'une amie, pour l'ingéniosité de votre choix et la grâce de votre pensée. Le lieu commun prétend que rien n’est plus ennuyeux que ce mois de décembre, où il faut donner, don ner encore, en conséquence choi sir. S’il ne s’agissait seulement que de choisir pour soi (ce qui déjà est bien difficile), mais, choisir pour autrui, sans être assuré de plaire, quel tourment, n'est-ce pas ? Eh bien 1 non. Je refuse de souscrire à cette vieille grinçhcric. D'abord, ij n'est pas ennuyeux de doriber; et, à Paris, il v a quelques jours de déçcmbre, les premiers jours, où lés magasins ne sont pas encore trop encombrés, ni les objets trop éprouvés, qui sont tout à fait agréa, blés. Le crépuscule tombe vite. Ce soir où la pluie avait cessé, un ciel mauve sombre découpait en sil houettes vaporeuses les dômes pa risiens. L’éclat des lampadaires avait quelque chose de net, de lavé, comme la ville. L'air était vif sans être piquant, et, sur l'asphalte lui sante, les vitrines et les alphabets de feu se répétaient en changeants reflets. On abordait aux magasins avec une curiosité pleine de désirs encore incertains. Il est si agréable de se laisser tenter pour autrui. Pourtant, il est vrai que les gens ont du mal à se déterminer et à faire cette opération psychologique qui consiste à-associer, en • pensée, un être à l’objet qu’on souhaite lui offrir, et à s'assurer que cette union est assortie. C'est pourtant cela le goût, au mois de décembre : c'est se rapprocher le plus du goût de ! celui qu’on comble sans tout à fait ' abandonner le sien propre. Et de même que, dans le jeu qui consis te à faire deviner pat approxima tions une personne secrètement dé sirée, le chercheur demande : « Si c’était une fleur, qui serait-elle ?... une couleur,- que serait-elle ? », de même il faut penser de l'amie ou de l'ami à qui l'on va faire un don :...
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
En savoir plus Données de classification - cotelle
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