Extrait du journal

Londres, 4 mai. (De notre correspondant particulier) Sans aucune espèce de parti pris ou de prévention, on peut dire que l’étoile de M. !.. George pâlit. Il est très possible qu’il parvienne à lui rendre un peu d’éclat; mais cela ne durera qu'un moment, et l’on peut prévoir le déclin de la phase actuelle de sa carrière politique. En allant à Gênes, M. L. George jouait gros jeu; il risquait sa réputation, et si elle n’est pas perdue, elle est gravement compromise. Il le sent si bien que depuis quelque temps, il dit et fait dire par la presse bien stylée dont il dispose que si la Conférence de Gênes n’aboutit pas a un succès, la responsabili té en incombe à la France. M. I* George ne veut pas avoir tort, et" il prend d’avan ce ses précautions. Tantôt il s'en prend .aux Russes, tantôt aux Français, tantôt aux Belges, tantôt aux uns et aux autres; mais luk^J est infaillible. Voilà la théorie et le ths.iie sur lequel les Journaux à sa suite exécutent chaque Jour des variations plus ou moins brillantes En ce qui concerne Gênes, cela pourra produire un certain effet sur le public. Mais i! n'y pas que Gênes, il y a l’Inde, il y a l'Irlande, il y a la situa tion économique de l'Angleterre, il y a le budget, et partout M. L. George se trou ve en face de difficultés qtm l'on peut attri buer à sa politique. Lorsque, de retour de Gênes, le premier ministre britannique rendra compte au Parlement de sa mission, il aura bien de la peine à convaincre les représentants du pays qu’il a eu seul raison et que tous les autres délégués ont eu tort; et si, en plus de son échec, il lui faut reconnaître que la Conférence de Gênes, son œuvre, a eu, en tre autres résultats, celui d’affaiblir ou de relâcher les liens de l’Entente anglo-fran çaise, — éventualité qui n’est pas impossi ble et que personne ici ne désiré,1— son prestige en souffrira et sa situation en sera affaiblie. Car enfin, si M. L. George, avant de partir pour Gênes, a obtenu un vote de confiance en vue d'une mission qui devait avoir un caractère uniquement économi que, ni le Parlement britannique ni le pu blic ne lui ont donné le pouvoir et encore moins le mandat de faire de Gênes une conférence politique, au risque de détruire l’Entente cordiale....