Extrait du journal

Il félicite ceux qui Vont capturé Nancy, 30 avril. — Toutes les polices de France avaient été averties qu’un audacieux escroc mettait en coupe réglée, depuis quel ques mois, les bijouteries et orfèvreries des grandes viles. Le procédé, toujours le mê me, employé par cet individu, était le sui vant : très grand, portant beau, toujours vêtu aveu recherche, il descendait aussitôt après son arrivée dans le meilleur hôtel de la ville où 11 comptait opérer. Cela fait, il faisait un dépôt d argent dans une banque et le présentait chez les bijoutiers auxquels Il faisait des achats importants en offrant comme paiement un chèque tiré sur la ban que où il avait au préalable déposé une pro vision. Le chèque était payable un samedi, et, le jour de l’échéance, l'escroc, dans la matinée, retirait la provision, quittait la ville, et quand, dans l’après-midi, le bijou tler venait à la banque pour faire régler son chèque, il avait le chagrin d’apprendre que provision, bijoux et acheteur, tout avait disparu On le trouve à Nantes, sous le nom de Henri de Rottigny, et dans quantités d’au tres villes sous le pseudonyme de Clément Tétignc Dangély. etc., et partout il fait des dupes, escroquant de fortes sommes ou des bijoux. Malheureusement pour lui. sa mau vaise étoile l’amena un matin à Nancy, où la Sûreté vient de mettre fin à ses agisse ments. Suivant sa coutume, U descendit daus le plus grand hôtel de la ville, le 10 avril der nier, et effectua un dépôt de 15.000 francs a la succursale du Crédit Lyonnais, pour donner confiance, il se mit à dépenser lar gement et effectua plusieurs achats qui, étant donné la provision qu’il possédait, fu rent réglés sans difficulté. Son credii ainsi établi, il fit entendre qu’il était fiancé à la Jeune héritière d’une des plus opulentes familles de notre ville et fit l'emplette, pour les lui offrir, de magnifiques bagues chez les principaux bijoutiers de notre ville. Il acheta cher un une bague de 10.000 francs, chez un autre un sac en argent de 700 fr., une bague de 8,000 francs et un collier de 11,000 francs. Ches un troisième, un collier de 9,000 francs. Il acquitta tous ces achats avec des chèques qui dèvaient être payés samedi. , . ... .. Mais l'attention de la police do la Sûreté avait été attirée par les allures suspectes de ce gentleman qui changeait de vêtements plusieurs fois par jour, et elle n’était nulle ment rassurée, au contraire, par le ruban rouge qu’il arborait avec < ostentation à sa boutonnière. Aussi les soupçons du corn* missaire central se portèrent sur lui Ces soupçons devinrent une certitude quand, ce matin, la Sûreté fut informée que l'individu avait retiré tout son compte au Crédit lyonnais, sauf une somme de 7 fr. 75, somme évidemment insuffisante pour solder ses nombreux achats. L’escroc, pris en fila ture depuis trois jours, fut surveillé encore plus étroitement si possible. On le vit faire des préparatifs de voyage. Au moment où il se dirigeait vers la gare, il fut arrêté et amené an commissariat central, où il fit d’abord des difficultés pour avouer. Mais la perquisition opérée dans l’appartement qu’il avait loué fut des plus fnictueuses. On cons tata qu’il possédait plusieurs cartes d’iden tité à differents noms, mais portant toutes sa photographie. Aussi, finalement, il se dé cida à avouer qu’il était bien l’escroc re cherché par tant de polices, et, beau joueur, il félicita ceux qui l’avaient arrêté....