Extrait du journal

Autour du ravitaillement du pays | Vi. - le forfait libératoire Le système du » forfait libératoire », défini jajO par le Comité d’études et d’informations de ■ i- riL Lyon, semble correspondre à l’Idée exprimée par l’amiral Darlan dans son discours du 19 février. Il consisterait à fixer très à l’avance à chaque producteur, par l’intermédiaire des Syndicats agricoles, une quantité déterminée de telle marchandise, qu’il devrait fournir à tel prix, et à laisser libre le surplus de sa production, quel qu il soit. Ainsi, le producteur aurait Intérêt à produire. Au lieu de se sentir sous le coup d’une réquisition indéfinie, il se trouverait libéré par un apport loyal et marchand et recevrait, comme une prime à sa production, la liberté de disposer de ce que son travail aurait obtenu en plus du minimum imposé. L’objection principale qui vient tout de suite à l’esprit, c’est qu’un pareil système risque de conduire à une dualité de prix pour la même marchandise, mais la réponse est apportée par notre confrère « le Figaro », qui écrit très Justement : ,, « Une dualité de prix séparerait le marché régle menté du marché noir, qui redeviendrait le marché libre. Serait-ce un mal ? Le marché noir est pernicieux parce qu’aujourd’hui il tend à vider le marché réglementé, et parce qu’il fausse la notion d’honnêteté. Il n’est pas immoral en sol, mais 11 l’est en ce moment parce que le salut de la nation exige la discipline de tous. Il le deviendra de moins en moins dans la mesure où le marché libre sera de plus en plus en mesure d’ajuster l’offre à la demande. La tractation devenant honnête, le produit qui se cache réapparaîtrait: le prix qui ne veut ? se faire connaître s’afficherait au grand jour. Il n’est pas certain qu’il soit en hausse sur le prix taxé.» Comme le discours de l’Amiral l’indique, les pouvoirs Publics semblent vouloir s’engager dans cette voie, et exemple des mesures qu’ils viennent d’autre part de prendre pour les pommes de terre apparaît comme une première et intéressante manifestation de cette évolution des esprits en haut lieu. Les quelques suggestions que nous avons soumises aux autorités responsables dans ces six articles, ne représentent évidemment pas la solution complète d'un problème aussi complexe que celui du ravitaillement du pays dans la dure période actuelle. Elles nous semblent cependant susceptibles d’apporter une amélioration no table à la situation présente. Tout l’art et toute l’activité que l’on peut déployer en effet dans l’organisation d’un réseau serré de ration nement et de surveillance ne résoudront Jamais par euxmèmes ce problème et n’aboutissent qu’au résultat de devoir se manifester toujours -d’avantage, parce qu’en produisant un resserrement de la consommation, ils entraînent en même temps un resserrement de la pro duction La voie où l’on était engagé Jusqu’ici était donc mauvaise. Il est temps de renverser la vapeur. Produire, produire et encore produire, voilà le but primordial vers lequel doivent tendre toutes les mesures qu’on prend en faveur de l’économie nationale- Aucune rie doit risquer d’aller à l’encontre d’une création quel conque de denrée alimentaire, si minime soit-elle. C’est sans doute une vérité évidente. Les vérités évidentes ne sont pas mauvaises, parfois, à rappeler. FIN...