PRÉCÉDENT

La Petite Gironde, 11 août 1898

SUIVANT

URL invalide

La Petite Gironde
11 août 1898


Extrait du journal

M. Camille F»elletan. Qu’il s’agisse du budget, de la politique extérieure ou intérieure, d'un chemin de fer d'intérêt local, d'économie politique, on est assure d’avance de voir, à un cer tain moment, surgir à la tribune un grand corps noueux comme un saule, une tête toute en broussailles où l’on ne distingue, entre la forêt vierge des cheveux et les taillis de la barbe, que deux petits yeux brillants, toujours en éveil. C’est l incvitablc M. Pellctan, qui croirait avoir perdu sa journée s’il n'infligeait à la Chambre le supplice d’un long discours. Moins fréquent et moins prolixe, il avait autrefois un fonds de bonne humeur et d'ironie qui le poussait plutôt à rire de tout qu’à s’indigner de quelque chose, et les délicates jouissances que l’opposition procure suffisaient à son bonheur. Il est aujourd'hui plus amer, plus aigri, plus sombre. Il se livre avec une sorte de fureur à I étude des problèmes les plus ardus et les plus techniques ; il boxe avec les finances et tire la savate contre les grandes Com pagnies ; il sc prend corps à corps avec les budgets, les banques, les mines. Il ressem ble à ce terrible centurion de Tacite que les légionnaires avaient surnomme : « Don nez-m’en une autre », parce que quand il avait brisé sa verge sur le dos d'un soldat, il en demandait une seconde, puis une troisième, jusqu’à ce qu’il lût à bout de forces. Vingt fois on l’a entendu parler tout seul, pendant une séance entière, et avec une suspension au milieu, sur une de ces broutilles qui ne méritent même pas cinq minutes d’attention; parfois aussi,son élo quence prend un air d'inondation, et le flot toujours renaissant de sa parole coule impitoyable durant deux mortelles jour nées. Toutefois, on est un peu moins avancé après qu’on ne l’était auparavant. II n’a point dissipé, tant s’en faut, les té nèbres qui obscurcissaient la question ; il semble même les avoir épaissies. Son dis cours est rempli de couplets, de tirades,...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • lagarde
  • bertulus
  • périé
  • esterhazy
  • suzanne
  • picquart
  • feuilloley
  • judic
  • vaillant
  • aurélien scholl
  • france
  • suzanne
  • paris
  • haréville
  • bordeaux
  • charente
  • gironde
  • vienne
  • blaincourt
  • mareille
  • p.s
  • faculté de médecine
  • le république
  • congrès
  • concours régional
  • académie des inscriptions et belles-lettres
  • les assemblées
  • union postale
  • p. b.
  • parti radical