Extrait du journal

cinq ans, les emportements de la passion. La jeune femme hochait la tête. — Moi, répondait-elle, je ne suis pas ainsi; mon amour pour toi est toujours le même. Tiens, faut-il te le dire, je crois que je t’aime maintenant plus que je ne t’ai jamais aimé 1 — Tu n’as pas comme moi le souci des affaires. — Mais quitté-les, les affaires; nous avons à nous deux près de six millions de fortune; n’est-ce pas assez ? Si ce sont les affaires qui te prennent tout entier, quitte-les. — Je ne peux pas ; à son lit de mort, J’ai promis, j’ai juré à mon père de con tinuer son œuvre. Mais, ma chère Hélè ne, tes reproches ne sont pas fondés, reconnals le. Voyons, t’ai-je jamais contra riée en rien ? Peux-tu dire que je t’ai re fusé quelque chose ? N'ai-je pas pour toi les mêmes attentions, les mêmes préve nances ? Va, garde ton bonheur et ne trouble pas ta tranquillité par de folles idées. — Depuis quelque temps tu vas à Paris souvent et tu y restes longtemps; si seu lement tu m’emmenais avec toi ? — Pourquoi faire ? Pour te mêler à mes ennuis, à mes tracas de toutes sortes Si tu savais... Je ne m’y amuse guère. A Paris ; je n’a! pas une minute à mol, et quand je rentre le soir, après avoir couru toute la journée, Je suis d’une humeur... — Pourtant, autrefois... — Autrefois, les affaires se faisaient toutes seules; les temps sont bien chan gés f — Ouï, soupirait Hélène. — J’ai à lutter contre une concurrence acharnée et souvent déloyale. N’obtenant point ce qu’elle aurait vou lu, la jeune femme avait pris le parti de se taire. Après tout, son mari était tou jours très bon pour elle. Avait-elle réelle...