Extrait du journal

tissait son sûr instinct de tous les dangers. Oubliant son silencieux métier de chien d’arrêt, Tom, les nerfs ébranlés par la plainte Inconnue, poussa un hurlement douloureux, puis se jeta en aboyant dans le fourré. Louiset le suivit, tout vibrant de cette émotion soudaine, troublé jusqu’au fond de l’être au son de cette voix étrange qui devenait plus distincte à mesure qu’il avançait, plus distincte et cependant plus faible, plus cruellement triste, comme mourante... Qu’était-ce donc que cette voix jamais entendu*?... Elle résonnait en lui d'une façon déchirante, et il pantelait à chaque note nouvelle, il tremblait de tout son corps, le superstitieux paysan, malgré son courage de nocturne coureur des bols. Des souvenirs lointains affluaient dans sa mémoire, des lambeaux de ces récits fan tastiques que les vieux se plaisent à con ter, les soirs de veillée, quand se lamente lugubrement le vent d’hiver. Sa grand’mère, jadis, ne prétendait-elle pas que les morts, quelquefois les pauvres âmes en peine appelaient ainsi les vivants égarés la nuit dans nos forêts pyrénéennes ?... Louiset avait peur, mais peur à pren dre la fuite, à se sauver à toutes jambes, sans oser seulement regarder derrière soi... Devant lui, pourtant, Tom filait comme une flèche, et de voir le fidèle animal courir de la sorte, sans dévier d’une ligne, dans une direction mystérieuse, finit par le rassurer uh peu. On dirait que nous allons du côté de l’aueien pavillon de chasse, fit-il à demivoix pour se raisonner, s’expliquer cette bizarre aventure. Le flair Infaillible du chien ne doit pas le tromper... Il y a quel® qu'un par là, quelqu’un qui souffre, sans dpnte. À cette pensée, louiset pressa le pas;...