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La Petite Gironde, 13 juillet 1907

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La Petite Gironde
13 juillet 1907


Extrait du journal

1 presse, les choses en viennent à ee gâter tout à fait. Tout le monde sait que le pré sident Roosevelt et son gouvernement sont opposés à la guerre. Or, s’ils ont su jusqu’ici, par la loyauté et la franchise de leur attitude, garder les relations di plomatiques courtoises avec le Japon, tout fait espérer que la campagne de pres se actuelle ne les fera pas dévier du but pacifique qu’ils se sont proposé. • Le Japon, d’autre part, n’a aucun inté rêt à brusquer les événements. On peut admettre que cet empire, jeune, ardent, patriote et ambitieux, se trouvera gêné un jour ou l’autre, par la concurrence américaine dans les îles océaniennes, aux Philippines, et même sur le continent asiatique. Mais c'est un bien vaste champ d’action pour prétendre en déloger un si redoutable adversaire. Le Japon est à peine remis des blessu res qu’il a reçues dans sa guerre avec la Russie; il est mal installé à Formose et plus mal encore en Corée. Les relations entre la Russie et les Etats-Unis ont été longtemps des plus cordiales : ce serait une partie bien grave qu’il jouerait en risquant son existence dans un conflit où il serait peut-être écrasé entre ces deux formidables adversaires, soudainement rapprochés. L’alliance anglo • japonaise est - elle de nature à jeter nos puissants voisins dans une guerre avec l’Amérique ? A première vue, quelles que soient les clauses de cet te alliance, il est peu probable que l'An gleterre se considérerait comme liée : ses possessions américaines, et notamment le Canada, fourniraient immédiatement aux Etats-Unis le champ de bataille et éventuellement le gage du combat. Le peuple anglais, qui est le banquier, le conseiller et l’ami du Japon, a donc le plus grand intérêt à empêcher la guer re; et, s’il le veut bien, il l’empêchera. D'ailleurs, les deux adversaires se raient-ils plus résolus qu’ils ne le sont, ce qui leur manquerait encore ce serait, le lieu de la rencontre. Ils sont l’un pour l’autre insaisissables; dans cette lutte A mains plates, les coups ne porteraient pas. Quelques batailles navales ne déci dent pas du sort d’un empire. D’autre part, on voit mal une armée américaine s’emparant du Japon, puisque — étant données les ressources en hommes du pays — il faudrait équiper un corps ex péditionnaire de cinq cent mille hom mes un moins.- Même difficulté en sens inverse. Pour réduire les Etats-Unis et les forcer à la paix, il faudrait un effort militaire si puissant et si prolongé que le Japon n’y pourrait suffire. Donc, le bon sens, la politique, la nature elle-même s’opposent au cataclysme que serait une guerre entre l’Asie et l’Amérique : quel ques déclamations chauvines ou, si l’on veut, des ambitions bien mal digérées ne l’emporteront certainement pas sur les sentiments élevés qui animent les gouver nements sur les intérêts primordiaux qui font désirer aux deux peuples la paix....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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