Extrait du journal

jeune dévoyé dont il s’agit. Elle a essayé naguère quelques démarches pour mettre fin à la vie vagabonde de cet enfant. Elle a échoué, et le gamin, resté sur le pavé, s est^ mis a mener la vie que vous savez. L histoire des autres n’est pas moins tris te. Appartenant à des familles tombées dans la plus noire misère et chargées d’en fants, manquant totalement d’éducation et de surveillance, ils vagabondaient, men diaient ; ils en sont venus à voler... Quoi de surprenant? Les voilà maintenant ar retés, prêts à passer en justice : c’est de la graine de prison qui pousse. Et dans cette bande encore, comme dans celle de 1 an dernier, l’aîné a quatorze ans, Je plus jeune onze ans I On les a dit pervertis, comme les autres. Et pourtant, je retiens ces mots qu’ils ont piononcés au moment de leur arrestation : * Comme ça, on nous enverra peut être à la Colonie. » Incorrigible optimiste que je suis, et toujours disposé à croire le bien plutôt que le mal, j’ai vu dans ce cri un souhait de régénération, une aspiration vers la vie ré gulière et honnête. Ils veulent aller «à la Colonie », et sans doute, c’est parce qu’ils savent qu’à la Colonie on mange tous les jours, et que l’on couche dans un lit; mais ils n’ignorent pas qu’on y travaille et qu’on doit y obéir à la discipline. Ils connais sent I abandon et le vice, ces enfants, et ils rêvent de connaître la surveillance et l’honnêteté. Eh bien ! c’est une bonne œuvre, la plus belle qu on puisse faire, que de les aider...