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La Petite Gironde, 14 décembre 1895

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La Petite Gironde
14 décembre 1895


Extrait du journal

En transmettant hier au préfet de la Seine le décret portant réouverture de la Bourse du travail, M. le ministre du commerce y a joint une lettre invitant le préfet à préparer et à soumettre au Conseil municipal un projet do réorganisation de cet établissement. M. Mesureur a pris des précautions pour que le règlement ne dérange pas trop les habitudes des bons Syndicats socialistes qui avaient fait de la Bourse de Paris un foyer d’agitation révo lutionnaire: « Vous tiendrez compte, dit-il au préfet, des desiderata légitimes des Syndicats ouvriers en leur laissant pour l’organisation intérieure des locaux affec tés à chacun d’eux toute la liberté compa tible avec une bonne gestion générale de l’établissement. Il importe, en effet, dans les rapports des agents administratifs char gés des services publics de la Bourse du travail avec les Syndicats qui y seront installés, d’éviter tout ce qui pourrait avoir C apparence tEnne immixtion abusive dans les affaires intérieures des Syndicats. » Il faudrait être borné aux quatre points cardinaux pour ne pas comprendre ce que signifie cette phraséologie émasculée et édulcorée à dessein : « Prenez-y bien garde, dit-on, préfet de la Seine! Que votre règle ment ne gêne en rien les Syndicats socia listes qui opèrent à la Bourse du travail. Laissez dormir la loi qui leur interdit de s’occuper d’autre chose que de leurs inté rêts professionnels. Que si, par hasard, ils organisent la grève générale ou préparent quelque manifestation révolutionnaire, comme ils en avaient l’habitude, voilà deux ans, avant la fermeture de M. Dupuy, que vos agents ferment les yeux et les oreilles ! Nous ne voulons pas mécontenter nos bons amis les socialistes de tout poil dont les «Syndicats réguliers ou irréguliers de la Bourse du travail forment la clientèle électorale. Ne touchez pas à la hache qui pourrait trancher les précieux jours du cabinet. L’agenouillement devant le socia lisme est le premier et le dernier mot de la sagesse Bourgeoise. » M. Poubelle est dû ment averti. Les républicains de gouver nement devraient l’être aussi....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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