Extrait du journal
L'article que j’ai consacré récemment à la jeunesse m’a valu de nombreux encourage-" ments et de multiples marques de sympathie. Un compagnon m’a écrit, il est vrai, que j’étais « un bougre dune, une triple ganache, un délicieux crétin, un pourri ». A part ces grossiôre’.cs inutiles, le peut bourgeois anar chiste qui m’a envoyé ses quatre pages de douceurs ne manque pas de style. 11 fait de son instruction un regrettable usage, mais il a de la chaleur. Si ce n'est pas un simple fumiste, jaloux de s’égayer à mes dépens, c’est un assez brillant candidat aux asiles d’aliénés. 11 y sera reçu en bon rang. En revanche, de braves gens, le cœur gros, sincèrement navrés, m’ont envoyé leurs poi gnées de main, me remerciant d'avoir poussé un cri d’alarme et tenté de rappeler les pères de famille insouciants au sentiment de leurs devoirs. Detail à noter : mes correspondants s’accordent à trouver dans le relâchement de la discipline familiale, la cause déterminante de la malsaine fermentation des jeunes cer veaux. Le père, m’écrit-on, est trop occupé, trop fatigué par la lutte pour la vie pour avoir la possibilité de surveiller l’éducation des enfants. C’est la mère qui a charge de diriger ces petites âmes, et son instinct, qui la pousse aux indulgences et aux caresses, la sert mal dans le redressement des déviations morales. Elle est fière quand son fils passe pour dégourdi et fait l’homme à l'âge où il devrait jouer aux billes. S’il se conduit mal, elle pleure abon damment, se lamente, mais est impuissante à corriger le petit drôle, qui, comme M. de Bismarck, croit surtout à la force et ne redoute guère que la taloche paternelle, mieux appliquée. D’ailleurs, combien de temps la mère a-t-elle, par jour, la direction de l’en fant, retenu à l’école, et y recevant, malgré les clforts des pauvres instituteurs, l’enseignement...
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
En savoir plus Données de classification - napoléon
- goblet
- lasserre
- prudhomme
- karl marx
- auteuil
- degrand
- rosette
- michelin
- vaillant
- paris
- chicago
- bordeaux
- rambouillet
- france
- corrèze
- colbert
- chambre
- amérique
- longchamps
- la république
- parlement
- k m.
- parti socialiste
- parti radical
- commune
- m. v
- p. b.
- asiles d'aliénés
- autrement dit