Extrait du journal
Il fut interrompu dans ses réflexions par Léonce, qui, précédant son monde, accourait, accompagné seulement d’un beau limier noir à taches de feu. Le neveu du prieur semblait avoir grandi et avoir acquis une vigueur nouvelle depuis trois mois. Son teint était maintenant bruni par le soleil et l’exer cice. Il avait un aspect mâle, une contenance assu rée, qui ne rappelaient en rien sa timidité cléricale d’autrefois. Il portait un élégant costume de chasse en drap vert, galonné d’or, et ressemblait plutôt à un jeune et brillant gentilhomme, ami des plaisirs bruyants et des joies mondaines, qu’à cet écolier studieux, élevé a l’ombre du cloître, qui récemment demandait comme une grâce de prononcer des vœux à l’abbaye de Frontenac. Néanmoins, Léonce n’avait rien perdu de son res pect pour son oncle et son bienfaiteur. En appro chant de lui, il ôta son chapeau et alla baiser la main du Père Bonaventure; ce fut seulement après s’être acquitté de ce devoir qu’il s’écria d’un ton joyeux : « Bonne nouvelle, mon oncle ! une chasse magni fique !... Un renard et deux lièvres tués de plus de soixante pas, et toujours à balle franche. Denis, mon piqueur et mon précepteur en vénerie, est dans le ravissement. Quant à moi, je n’ose me pré valoir encore de mes succès; je les attribue surtout à l’excellence de cette carabine de Liège que vous m’avez donnée, et aussi à l’instinct merveilleux de ce limier que vous avez trouvé moyen, je ne sais comment, de détourner d’une meute princiôre. » Et il caressait le bel animal, qui bondissait autour d’eux en agitant sa queue effilée. « Pas tant de modestie, mon enfant, dit le moine avec bonté; ces succès sont dus, avant tout, à votze adresse... Mais je suis ravi que votre limier se con duise bien, et, pour compléter votre équipage de...
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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