Extrait du journal
Le 14 juillet ? La prise de la Bastille, telle et_ ttrtanime des Français. Elle n’est pas absolument exacte, cal .., „ jour-là, se commémore bien, en effet, cette petite émeute parisienne, qu’on décora du titre de page d’histoire, le premier anniversaire, qut eut lieu l’an suivant, revêtit un sens bien différent. Car ce qu’on célébra fut, bien plus qu’un épisode de la lutte polr la liberté, un vaste effort vers la fraternité retrouvée, vers l’union de tous les Fran çais. Dans le Champ-de.Mars transformé en amphithéâtre, les 250.000 Parisiens qui, stoïques sous la pluie, assistèrent à la messe que disait Talleyrand, applaudirent les 14.000 délégués de province, et, le soir, s en allèrent danser dans les bals populaires, fêtaient essentiellement l unité française, la certitude de la communauté nationale librement désirée. Le 14 juillet 1941 peut-il avoir un autre sens que celui-là 7 Le mouvement des fédérations est, à mon sens, le plus profond et le plus important des élans spirituels qu’a provoqués la secousse de 89. Il est une réaction spontanée de ta conscience française en face de l’anarchie menaçante. Il est le témoignage de cette fraternité que les Français font parfois semblant d’oublier, mais qui tisse ses liens au coeur meme de l’Histoire. du lendemain de la prise de la Bastille, les cadres royaux s’écrou lèrent dans le pays entier. Les soldats n’obéissaient plus aux offi. tiers et les juges ne rendaient plus la justice. Personne, bien entendu, ne payait plus ses impôts. La mise en oeuvre de l’organisation dépar tementale s’annonçait longue et difficile. Partout, l’anarchie com mençait. C’est alors que se produisit cette réaction instinctive du peuple français aux forces qui tendaient à le désagréger. Le mouvement naît en Dduphiné, à Etoile, près de Valence. Le 29 novembre 89, les délégués dauphinois et vivarois se jurent de rester unis et de défendre les lois. Le Dauphiné, qui avait donné ta prernière impulsion à l’élan vers la liberté, à Vieille, la donnait aussi à l’élan vers la fraternité. D’autres Pimitent. En janvier 1790, à Pontivy, les délégués de quatre-vingts villes de Bretagne et d’Anjou déclarent qu’ils ne sont plus « ni Bretons ni Angevins, mais citoyens d’un même empire ». Lest à ce moment sporadique, mais puissant, que Bailly fera écho en demandant à l’Assemblée de consacrer cette a Fédération nationale » par la cérémonie du 14 juillet 1790. Cette fete de la Fédération revêt l’immense importance de faire apparaître à quel point la Révolution, bien loin d’être une rupture, est une continuation de l’histoire française. Elle s’intégre dans toute notre tradition. Elle montre qu’après les épreuves et au coeur des doutes, la France se retrouve comme une vivante communauté. Le grand rassemblement des terres françaises avait été accompli en mille ans d'histoire, par tes rois capétiens. Tout une politique de conquêtes, d’achats, d’héritages, avait patiemment uni le pays dans ses frontières. Mais cet effort n’avait jamais été séparé de la volonté profonde, intime, du peuple français. Entre les deux il y avait toujours eu accord. Bouvines, Jeanne d’Arc, le Grand Ferré, Jea/me Hachette, autant de témoignages et de témoins. Alors, au moment où l’autorité royale semble crouler, pour que le lien ne se rompe, les Français l’affirment avec solennité. L’unité nationale réaffirme ses bases. Ensuite pourront venir d’autres tendances et des erreurs. A la veille même du 14 juillet 1790, sera votée cette absurdité qui se nomme la Constitution civile du clergé. Ensuite la centralisation excessive du robespierrisme, puis de l’Empire, pourra essayer de n Juire les provinces au même moule t il restera cette volonté libre d union nationale que Gambetta évoquera i Bordeaux, plus tard• Dans une heure où la France a besoin de sentir profondément les liens qui rassemblent ses forces, ta Fête nationale doit, aux yeux de /««*, revêtir cette pathétique signification. Elle doit dire la volonté d union, le sens d’un commun destin, qui, par delà toutes différen ces, en dépit de toutes querelles, demeure la racine vivante de la conscience française....
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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