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La Petite Gironde, 16 juin 1900

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La Petite Gironde
16 juin 1900


Extrait du journal

| je songeais. Je me revoyais tout enfant, transporté brusquement du Piris bru meux et agité dans ce grand calme de la nature. J’entrevoyais la figure triste et pâle de ma bonne mère, m’entourant sans cesse de ses caresses et de ses soins. Pauvre mère! elle pleurait bien sou vent. Rien ne pouvait la consoler de la perte d'un époux regretté, rien, sinon mes baisers qui séchaient ses larmes. Et pourtant, jo l ai su plus tard, bien que ja mais une plainte ne fût sortie ne ses lèvres, elle avait été malheureuse avec le comte d'Kscri val. Mon père n'avait su ni apprécier ni comprendre les trésors de dévouement do cette grande âme simple. Il avait vécu dans un tourbillon de fêtes et de plaisirs, sans voir, hélas ! que ses infidélités et son indifférence tuaient celle qu'il aurait dù adorer à deux genoux Ah! combien souvent, nous antres hommes, nous passons à côté du bonheur sans l'apercevoir! L’expéritmce nous vient avec les ans et nous éclaire, mais trop tard quelquefois. C’est, en effet, à son heure dernière, alors que le vide s’était fait autour de lui, que le comte comprit qu’une seule et véritable amie veillait près «le son lit «lo douleurs, toujours prête au sacrifice et à l’immolation d'elîe-môme. Ma mère pardonna tout et conserva à celui qui l'avait fait souffrir un éternel culte, une inviolable fidélité. Toutes ces pensées se pressaient en foule dans mon cerveau de vingt a ris, qui ne savait point encore juger Tes choses comme je les juge aujourd'hui et en tirer de sages conclusions. Je voyais aussi, introduites dans notre nouvelle existence et s’y mêlant, les figures amies de ma tante de Pujols et de Germaine, ma cou sine. Cette excellente tante, sœur de ma mère, vint à la mort de son époux s’ins taller avec sa fille à Escrival. Nous la gardâmes une dizaine d’années, puis une mauvaise maladie de cœur nous la prit peu de temps après que j'eus quitté Es-...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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