Extrait du journal

Ce qu'il faut réviser, ce n’est pas la Constitution, quoi qu’eu puissent dire les radicaux cl les socialistes qui poursui vent, ouvertement ou d'une manière dé tournée, le rêve néfaste d'une Assemblée unique, sans contrôle ni contrepoids, confondant on elle tous les pouvoirs, 1 exécutif, le législatif et le judiciaire, gouvernant, légiférant, administrant au gré de ses fantaisies, de ses divisions et «le ses rancunes, instituant, en un mot, un de ces régimes d’anarchie légale aux quels ne tardent pas à succomber les na tions qui s'y sont volontairement soumi ses ou résignées. I)e cette révision, le pays n’a nulle ment souci, et tous les efforts que l’on lait pour l'émouvoir à cet égard ont glissé sur sa cuirasse d’indifférence. Il n'ignore certes pas les défauts de la Constitution qui nous régit : on a pris soin de l'on instruire en gros et en détail. Mais son simple bon sens lui dit aussi qu’aucune œuvre humaine n’est, m ne peut être parfaite. Il sait quo les lois écrites valent moins par elles-mêmes que par l’intelligence, la probité et le bon vouloir de ceux qui sont chargés de les appliquer dans la pratique journalière, et que si, suivant le dicton populaire, il n’y a pas de bon outil pour un mauvais ouvrier, U n’y a pas non plus d'outil fon cièrement mauvais pour un bon ouvrier. De plus, il connaît les services signa lés que. depuis quinze ans, le Sénat transformé a rendus â la République. L’expérience l’a convaincu de la néces sité du maintien d'une seconde Chambre ayant pour mission de soumettre à une délibération approfondie les votes parfois imprudents de la première, do lui signa ler ou de réparer ses erreurs financières ou politiques, et, au besoin, de donner au sufirage universel, par sa résistance constitutionnelle, le temps de se ressaisir...