Extrait du journal
17 juillet. Autour de l’emprunt et des vacances, il y a une grosse intrigue. La droite voudrait que l’emprunt fût effectué pendant la session. Ce n’est pas qu’elle soit ja louse de siéger pour « améliorer la souscription. » Elle sait bien que sa présence est plutôt un danger qu’un avantage. Mais l’emprunt la gêne. Elle pense que Vem prunt, une fois fait, M. Thiers ne sera plus ‘au même degré nécessaire, et que, pouvant se passer de lui, on peut songer à le renverser. L’occasion est toute trouvée; on sommera M. Thiers de donner la fameuse explication promise samedi dernier. Si c’est un discours, ce sera très commode; on le recevra mal et on arrivera à un vote de défiance; si c’est un Message, on combinera le jeu pour arriver à un ordre du jour motivé. C’est le renversement ou l’assujettissement de M. Thiers. * * St Vous comprenez bien que M. Thiers joue le jeu in verse. L’emprunt lui sert de mors et de bride pour contenir la majorité. Il voudrait l’expédier en vacances avant l’emprunt; cela sauverait tout. Les financiers poussent le ; gouvernement dans cette voie. Bien qu’ils eussent désiré, soit par superstition — tous les joueurs sont superstitieux, — soit pour avoir l’avantge d’une liquidation en hausse, que l’emprunt fût fait le 27 courant, ils sont d’avis que l’emprunt ne doit pas être émis l’Assemblée étant là. Un incident de tribune, la veille, peut compromettre l’emprunt; une crise au lendemain, peut amener une débâcle sur le marché. Vous voyez, de part et d’autre, l’intérêt de cette fixa tion. Avant l’emprunt, on est garanti contre toute dise; personne n’osera bouger. Après, tout est possible. Aussi, d’un côté, le gouvernement et la gauche tra vaillent à amener les vacances au plus tôt; de l’autre, la droite pousse à la prolongation. Celui des deux qui aura le plus de tactique et saura engager convenable ment la partie, l’emportera. Il y a là, ni plus ni moins, une question d’habileté, d’occasion, de savoir-faire. Une des plaies du régime parlementaire est bien que le sort des nations puisse dépendre d’une de ces petites finesses....
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
En savoir plus Données de classification - thiers
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