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La Petite Gironde, 18 mars 1903

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La Petite Gironde
18 mars 1903


Extrait du journal

des quand par hasard il les rencontrait ayant à son bras cette admirable Thérèse — un miracle de grâce, — qui les payait? Il avait fallu qu’un misérable, un en nemi peut-être, ou un de ces camarades qu’il coudoyait chaque jour, exaspéré par la faveur injuste — oui, injuste, il le re connaissait ! — dont il était l’objet, lui ouvrît les yeux et le mit sur la trace de son infamie, pour que son esprit s'éveil lât et qu’il aperçût le bourbier dans le quel il était tombé. Et c’était à cette femme qu’il avait tout sacrifié! .. Paris, elle avait exigé Paris! Elle savait d'avance ce qu'ollc y voulait faire : elle l’y avait entraîné de force. Sans elle, il aurait vécu modestement, librement, dans l’air pur des champs; cultivé les terres qu’il tenait de ses pa rents; élevé ses enfants dont il aurait fait de braves gens comme son père, comme le vieux capitaine Tonnelier et comme lui-même... Il se rendait justice ! Or. s’il n’eût cédé aux ambition* qui parfois lui soufflaient des désirs de fortu ne, au lieu de se résigner à une fonction aussi vaine que mal rétribuée, de s'enrô ler dans l'innombrable horde des employé» émargeant au budget, le rongeant, dévo rant des sommes énormes et pourtant traînant le boulet de la gêne, il aurait étudié le vent, cherché sa voie, prie son parti et gagné les terres lointaines où il y a quelque chose à entreprendre, loin de ce vieux monde qui se débat dans les dernières convulsions d’une vie qui s’é teint ! Oui, c’était elle qui l’avait entraîné, elle qu’il avait suivie dans "ce repaire de Pa ris, comme il l’eût suivie au bout de l'u nivers... Et avec quelle joie I Pour elle, que n'eût il pas fait, que n'eût-il pas souf fert ! Il arrivait ai» coin de la rue de Bour gogne, lorsqu'il heurta un passant qui arrivait en sens • inverse et qui gronda entre ses dents : — Prenez donc garde ! nom... ! Et brusquement il changea de ton :...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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