Extrait du journal

XXIV Julien Claude poussa un cri étouffé. Il avait dans les mains le petit cadavre d’un enfant nouveau né, tiède encore. La tête avait porté dans la chute contre quelque Objet résistant. Le crâne fragile était ou vert, et sur la blancheur du visage se voyaient des filets de sang. —- Un crime i balbutia Julien, un crime ! Oh l le misérable ! Il avait séduit sans doute et trompé quelque pauvre fille, et il s’est débarrassé par un assassinat de l'enfant qui le gênait. » Pauvre enfant, ajouta-t-il d’une voix sombre, pauvre petite créature, tu es plus heureux peut être que si on t’avait laissé vivre. Tu reposes en terre sainte, il faut t’y laisser. Mais je saurai quel est l’infâme qui t’a enseveli là. Je connaîtrai le secret de ta naissance, et je ne permettrai pas que le crime reste impuni. » Le crime ! répéta Julien Claude en bais sant la tête. Al-je donc le droit d’être si sé vère et de parier de châtiment pour les cri minels * N’al-je pas commis une action plus odieuse, plus exécrable qu’un assassinat ? J’aurais dû me punir mol-méme, et faire justice en me tuant ! » Après un silence de quelques secondes, le jeune homme enveloppa de nouveau le petit cadavre dans le vieux châle de laine, l’étendit dans la fosse creusée par le comte de Lucenay, le recouvrit de terre, et sur cette terre replaça les touffes d’herbe. En se relevant, cette besogne achevée, U se disait : — Je l’at vu, cet homme, Je l’ai bien vu l Je le reconnaîtrai partout, je veux savoir qui H est... Je le sauvai. - Julien jeta un dernier regard sur Le- sol...