Extrait du journal

i>es décou rageurs, gonflés de leur importance, qui tiennent au cercle, au salon ou au café les propos débili tants que je citais plus haut, ont évidemment la tâche aisée* Il n’y a guère de jour, dans la vie d’une nation plus encore que dans celle d’un individu, où tout aille à souhait. Quel philosophe pessimiste disait lonc, pour dégoûter les hommes de la vie : « Je vous défie do trouver une heure, une minute, une seconde où votre corps ne vous fasse pas souffrir en quoique point. » Ce philo sophe pessimiste proférait une sottise. Toute vie est une action, toute action est une lutte, toute lutte comporte des coups donnés et reçus : l’important, c’est que la lutte soit victorieuse que l’action vous inspire son puissant réconfort, que la vie persiste et s’ac croisse. Telle est, entre autres, la loi de la vie des peuples, qui — pour les contemporains — semble toujours être une série de crises. L’erreur des décourageurs professionnels, l’erreur des pessimistes sincères, c’est qu’ils ne mesurent pas le rapport entre ces crises et la vitalité du pays : ils res semblent à ces mauvais patients qui se croient perdus pour une rage de dents ou pour un clou douloureux. Le point vraiment critique, c’est de savoir si l’organisme est affecté par telle ou telle crise dans ses parties profondes, essentielles. C’est de savoir s'il contient assez de vitalité pour réagir contre la crise, la subir, durer plus longtemps qu’elle et recouvrer son équilibre....