Extrait du journal

— Madame, dit le premier, ce m’est une grande joie de vous trouver ce soir à l’Opéra. Cela me prouve que mon ami Jacques Brémond a compris que vous ne pouviez rester plus longtemps étran gère au monde parisien, et voici M. lo comte, do Roddes, un de ses plus brillants représentants, qui désire vous être présenté pour vous dire tout co que votre présence fait naître ici d’admiration et d’enthousiasme. — Et en même temps, madame, ajouta le comte, saluer en vous la seule royauté vraiment digne de ce titre : la jeunesse unie à une beauté sans rivale. — Oh ! messieurs, de grâce, dit la jeune femme avec un charmant sourire, ménagez-moi, je vous prie. Songez que je suis une sauvage do l’autre monde qui ne sait point encore comment l’on ré pond à de si louangeuses paroles. Puis, indiquant deux sièges, elle reprit sa place sur le divan et ajouta : — Soyez les bienvenus. L’entretien s’engagea d’abord entre Ida et Jules Bérold. Le journaliste avait de l’esprit jusqu’au bout des ongles, et cette verva brillante, endiablée et de bonne humeur qui est le partage des Pari siens de race, pour lesquels le monde n’a ni voiles ni mystères... Le comte de Roddes eût pu faire sa partie, et une partie brillante même, dans cette débauche d’es...