PRÉCÉDENT

La Petite Gironde, 20 décembre 1893

SUIVANT

URL invalide

La Petite Gironde
20 décembre 1893


Extrait du journal

LES SOCIALISTES ET L’ARMÉE Paris, 19 décembre. Un certain nombre de membres du parti socialiste de la Chambre, parmi lesquels figurent MM. Ed. Vaillant,Thivrier,Chau vin et J. Guesde, ont déposé, le 7 décembre dernier une proposition de loi bien cu rieuse et suggestive. Il s’agit « de la sup pression de l'armée permanente et de sa transformation en milices nationales sé dentaires ». Je viens de lire attentivement l’exposé des motifs et les dispositions de cette pro position de loi. et j’en suis encore tout étourdi. Ce n’est pas, à vrai dire, parce que je lis dans l’exposé des motifs « que l’armée est aujourd’hui la garde-chiourme de la classe ouvrière et que la servitude militaire est, pour la légende seule, une école de moralisation, tandis qu'elle n'a qu’un effet de déchéance physique et intellectuelle ». Non. On sait de reste les sentiments de ces Messieurs à l’endroit de l’armée, et on ne peut plus aujourd’hui rien apporter à une démonstration qui a été faite et bien faite. Il est bien entendu que pour les socialistes l’armée française n’est que « la grande massacreuse » et que nos chers petits soldats qui défendent l’ordre, la liberté et la patrie, ne sout que « des gardes-chiourme ». Mais ce qui m’a frappé surtout dans la proposition de loi en question, et ce que je voudrais mettre en lumière, c’est l’état d’esprit qu’elle révèle chez ses auteurs. Nulle part on ne voit mieux comment nos socialistes vivent dans un monde à part, où la chimère règne en maîtresse absolue, et comment ils sont avant tout citoyens du pays d'Utopie. Vraiment on reste stu péfait devant une pareille ignorance des réalités, qui, si elle trouvait un écho dans le pays, serait à bref délai la mort même de la patrie. Je sais bien (car il convient toujours d’être juste) que la proposition de loi de MM. Vaillant et Chauvin ne part pas de mauvais cœurs, et que l’idée de la sup pression de l'armée permanente leur a été inspirée surtout par le sentiment du poids très lourd des charges militaires que nous supportons depuis vingt-trois ans. Il est certain que nos budgets de la guerre sont considérables, et que « la paix armée » nous coûte très cher. Mais c’est là une de ces dures nécessi tés contre lesquelles on ne peut rien faire, sinon une économie aussi intelligente et scrupuleuse que possible des sommes que le pays consacre chaque année à la défense nationale. Nous ne sommes pas seuls en i Europe ni dans le monde, et notre fin de...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • goblet
  • de gestas
  • acquart
  • aynard
  • ibsen
  • villotte
  • napoléon
  • thivrier
  • saintonge
  • bernard cadoux
  • france
  • bergerac
  • paris
  • lyon
  • allemagne
  • europe
  • landes
  • châteaufort
  • suisse
  • italie
  • cita
  • parlement
  • parti socialiste
  • armée française
  • napo
  • la république
  • congrès de vienne