Extrait du journal
républicaines. Il renonce à se poser en obsta cle; il répudie la politique de crises et de conflits. A son tour il s’incline devant la volonté formelle, consciente et persévérante de la nation, qui entend se développer libre et paisible, en République démociatique, sous cette forme la plus fière et la plus noble des gouvernements humains, qui était destinée, sous peine d’irrémédiable décadence, à devenir l’accomplissement et le couronnement de la Révolution française. Le Sénat a donné hier le gage le plus sé rieux et le plus incontestable de sa résignation. Non-seulement il a rejeté l’article 3 du projet de la commission sur l’état de siège, mais il a re poussé l’amendement malencontreux de M. Lambert-Sainte-Croix, et ratifié par 148 voix contre 113 l’article 3 du texte voté par la Chambre des députés. Ainsi, l’état de siège ne pourra, sauf le cas de guerre étrangère, être dé crété après une dissolution, sous aucun prétexte, même à titre provisoire, par le président de la République. Si des troubles surgissent—et Dieu merci l’hypothèse est chimérique, — ils seront réprimés par les armes du droit commun. La liberté de la presse, la liberté du colportage, la liberté de réunion demeureront intactes. La période électorale sera la période sacrée de la liberté. La loi est claire, lumineuse, impéra tive. Le plus retors des sophistes au pouvoir perdra son temps et sa peine à chercher des équivoques. Plus de doutes, plus d’ambiguïtés, plus d’interprétations abusives possibles. La déclaration d’état de siège est interdite après dissolution jusqu’à la réunion de la Chambre nouvelle. L’arme perfide de la revanche contre la volonté nationale exprimée au solennel scrutin du 14 octobre est brisée. La tentation même d’un nouveau 16 Mai disparaît, s’éva nouit désormais. Les plus passionnés, les plus audacieux, les plus incorrigibles des fauteurs de crises en sont réduits à se dire : « A quoi bon? » L’assurance du Message que la Cham bre actuelle atteindrait paisiblement le terme de son mandat n’était jusqu’à présent qu’une parole : le vote d’hier en fait une certitude. Les conservateurs sincères, vrais amis de leur pays, dont le concours a rendu possible ce grand résultat, ont le droit d’être satisfaits d’eux-mêmes : ils ont donné à la France le bien précieux de la confiance, de la sécurité du lendemain. Ils ont désespéré les factieux et les intrigants, mais ils ont comblé les vœux de l’immense majorité laborieuse et paisible de la nation. L’attitude du gouvernement a été pleine de fermeté et d’habileté dans le débat très délicat qui s’est élevé sur l’amendement de M. Lambert-Sainte-Croix. Il était clair que cet amen dement,voté dans son texte primitif, aurait en traîné l’échec de la loi entière. L’appoint de quel ques sénateurs constitutionnels était pourtant in dispensable pour conserver la majorité de gau che qui s’était formée dans le vote sur les arti cles 1 et 2 du projet de loi. Le gouvernement, préoccupé de ne pas froisser des susceptibilités respectables, a pris le parti d’accepter dans une certaine mesure l’idée de l’amendement. Vous craignez d’affaiblir le gouvernement en face d’une insurrection. Soit, a dit le ministère; mais comme vous ne voulez pas plus que nous permettre les excès de pouvoir, les interpréta tions abusives, et que la pleine liberté électo rale vous paraît comme à nous un intérêt suprême, nous chercherons une formule qui concilie vos préoccupations et les nôtres. Là dessus, le gouvernement a indiqué sous quelles restrictions il consentirait à permettre l’état de siège provisoire en cas d’insurrection armée après dissolution de la Chambre des députés. Ces conditions, qui rendaient en réalité l’état de siège illusoire, ne pouvaient évidemment convenir à la droite. Le gouvernement les a...
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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