Extrait du journal

— Que crains-tu donc ? — Tout. Il y eut un silence coupé d’un bruit do baisers. Le jeune homme avait saisi les mains de Thérèse et les pressait contre ses lè vres en murmurant : — Comme c’est doux, comme c’est bon ! Encore !... Mais tu es toute tremblante ! — Il y a de quoi ! Je ne vis plus !... Tu vas comprendre, Raymond 1 Ne ris pas ! Je n’ai pas le cœur à la joie... Je me croyais bien en sûreté, et... patatras ! — Explique-toi ! — Voilà. Depuis hier, mon mari n’est plus le même. La voix railleuse du marquis demanda : — Qu’ost-ce qu’il a? — Des doutes, probablement. — Il te l’a dit ? — Non; mais je l’ai deviné .. Et je t’as sure que ce n’était pas difficile... — D’où lui viendraient ses soupçons ? -Est-ce qu'on sait !... Un hasard, une imprudence ont pu nous trahir... Bref, hier il a reçu une lettre suspecte — Tu l’as lue ? — Non, mais il ne me cache rien, et je l’ai vu... — tu entends ? — je l’ai vu la froisser avec colère, en la mettant dans sa poche sans en lire autre chose que les premiers mots... Je t’ai écrit aussi tôt... Ensuite je me suis dit que je ferais mieux de ne pas venir... Je l’aurais dû certainement... C’était plus prudent... Et puis... Elle hésita deux secondes. — Et puis ?... demanda l’amant très ten drement. — Et puis, il me faisait mal de jie pas te voir... J'ai quitté les enfants en» pré textant une course... — Où sont-elles ?... — Comme toujours, aux Tuileries... toutes deux... Et me voilà, mais je ne reste qu’un instant. ' — Je t’en supplie... ne pars pas !...