Extrait du journal

froyable vision; elle recula jusqu’à l’extrémité de la salle en s’écriant : « Au secours ! mon Dieu! au secours!... Je me croyais si forte, et je n’ai |ni vigueur ni courage...* Oh ! quel que soit celui qui me portera secours dans ma détresse, je le bénirai tout le reste de ma vie. » Comme si cette adjuration eût été entendue, des voix humaines répondirent à quelque distance de la loge. Jeannot et la bête s’arrêtèrent au moment de s’élancer dans la maison. « Au secours ! » s’écria de nouveau Christine, ra nimée par un espoir subit. « Au secours ! » répéta Marion de sa voix grêle. Les quatre yeux flamboyants disparurent de la fenêtre. Au même instant, plusieurs personnes ac coururent, et l’on frappa résolûment, tandis que quelqu’un disait au dehors : « Elle est ici ! j’ai reconnu sa voix... Je suis sûr qu’elle est ici! » Evidemment le danger ôtait passé; mais Christine ne pouvait se mouvoir. La fille du garde, moins troublée, alla déverrouiller la porte. Aussitôt les survenants se précipitèrent dans la logo. Une lueur crépusculaire éclairait encore la cam pagne, mais l’intérieur de la maison demeurait plongé dans les ténèbres. Un de ceux qui venaient d'entrer demanda d’un ton ému : « Christine! Mademoiselle de Barjae! au nom du ciel! êtes-vous ici? — Je suis là, Léonce, et je vous remercie, vous et ceux qui vous accompagnent, du service que vous me rendez! — Que Dieu soit loué ! Ah ! mademoiselle, vous m’avez causé de mortelles inquiétudes. » Marion alluma une chandelle. Léonce avait ame né avec lui un garde-chasse et un domestique du...