Extrait du journal

Il reste, de par les mers, quelques vieux bâtiments errants. A la recherche d’un corsaire fugace, ou en quête de quelque autre improbable aventure — je ne sais — ils vont clopin-clopant d’une latitude à l’autre. Et on n’en saurait jamais rien si parfois .un d’eux n’arrivait, à bout do souf fle, se réparer dans un de nos ports. J’au rais pensé que leur sort était lamentable; il n’en est rien. Comme je me préparais à plaindre un de leurs officiers, rencontré l’autre jour, il m’arrête par ce simple dis cours : — Jamais la grande croisière n’a été si douce. Malgré nous, nous échappons aux maux de la guerre et bien plus complète ment que tous autres. Ici, sur notre sol, au milieu des deuils, des préoccupations, de cette attente de chaque jour qui finit par énerver les meilleures vaillances et par empoisonner les égoïsmes les plus cyni ques, nul n’échappe à l’oppression. Elle est dans l’air que l’on respire, elle est sur le visage des passants et dans le regard des femmes que l’on croise. Lo poids de la i. Au...