Extrait du journal

Raidissant toutes ses forces dans un* le vu 1ère poussée, il saisit son poignard d'une main et le glissa {»ar un effort gigantesque entre la pierre descellée et e massif de la muraille. La pierre s’arrêta. L’eau coulait toujours, mais non avec cette impé tuosité de torrent qui, en une minute, l’eut broyé contre les murs de sa prison. — Voilà ce que je vais faire, dit-il... Quand l’eau me soulèvera, je tâcherai de me garder en face de l’ou verture... et, lorsque le cachot sera rempli, que par cela même 1a violence du courant sera tombée, je re tiendrai mon haleine et j’essayerai de passer... et, si Dieu me trahit, que le diable me prenne!... En un tour de main, lx se débarrassa de ses vête ments. Il avait, à ce moment, de l’eau jusqu’aux genoux. 11 remonta sur la borne de pierre et attendit. Le caveau s’emplissait peu à peu ; heureusement la pierre tenait toujours. Enfin, le flot s’éleva jusqu’à son ventre, puis jus qu'à sa poitrine, puis enfin passa par-dessus ses épaules. — Allons I... dit Capeluche d une voix qui n’avait plus rien d’humain, l’heure est venue !... Et il s’élança au milieu de l’eau noire et sinistre, après avoir respiré longuement. Puis, plongeant et d une main vigoureuse arrachant le poignard, il écarta le lourd bloc et se glissa par l’ouverture, re poussant de sa large poitrine le flot qui l’entraînait. Ce fut une minute effroyable... Enfin, d’un dernier effort, il franchit la muraille et tomba dans le fleuve. 11 était sauvé... Se tenant, par prudence, entre deux eaux pendant quelque temps, Capeluche ne se hasarda à lever la tête au-dessus des flots que lorsqu'il estima se trou ver à peu près è la moitié du fleuve....