Extrait du journal

LA VIEILLESSE DE L’OUVRIER v Tout n’est pas juste, tant s’en faut, dans les revendications ouvrières, et nous avons eu ici' même l’occasion de combat tre les prétentions exagérées et les plain tes acrimonieuses formulées par certains orateurs des congrès socialistes de Paris et de Marseille. Mais il faut reconnaître que beaucoup de leurs doléances sont justifiées et l’on doit se préoccuper sans relâche d’améliorer leur situation. Par exemple, un des côtés douloureux de la vie du salarié, c’est d’avoir trop souvent devant soi la perspective déso lante d’une vieillesse misérable. Certains d’entre eux, à vrai dire, réussissent, par des prodiges d’économie, à mettre de côté un petit pécule pour leurs vieux jours, tandis que d’autres, pareils aux types de l’Assommoir, dissipent en débauches l’ar gent qu’ils pourraient transformer en épargne. Mais, pour être équitable, il faut reconnaître que les économies sont inter dites au plus grand nombre. Les charges de famille, les maladies, le renchérisse ment des vivres, les chômages, mille évé nements imprévus viennent absorber le gain de chaque jour, quand ils ne le dé passent pas, et bien heureux sont ceux qui, à force de privations, parviennent comme on dit à joindre les deux bouts et à ne pas s’endetter à l’époque où ils sont encore jeunes, robustes, habiles, assurés quand il y a du travail de trouver toüjours ouvertes les portes d’un atelier. N’insistons d’ailleurs pas sur ce point. On n’a qu’à jeter les yeux autour de soi...