Extrait du journal

UNE VOLTE-FACE Un fait nouveau et des plus significatifs vient de se produire dans la lutte engagée au sujet do la réforme électorale. Nous avons d’abord vu la grande manifestation organisée en faveur du scrutin d’arrondis sement se transformer insensiblement, sous la poussée do l’opinion publique, et aboutir A l’éclatante démonstration de la nécessité d’une réforme électorale. I.c mouvement de dépréciation du scrutin de clocher ne devait pas s’arrêter là. A la suite du banquet du 20 décembre, des pour parlers se sont engagés entre les différents adversaires de la représentation proportion nelle, et pour tâcher d'échapper au succès désormais certain de celle-ci, ils ont décidé de prendre les devants. Ils ne se contentent pas d'abandonner le scrutin d’arrondisse ment, ils veulent le sacrifier immédiate ment, sans répit ni rémission. Ils procla ment qu’il est impossible, même pour les élections do 1910, de consulter le pays avec ce mode de scrutin déconsidéré. Le seul journal qui fût resté fidèle à ce scrutin ré clame à cor et à cri sa disparition immé diate au profit du scrutin de liste pur et simple, et M. Hector Dopasse va, dès La ren trée (le janvier, déposer une proposition ten dant à rétablissement du scrutin de liste pour les prochaines élections. Nous n'avons pas à nous prononcer au jourd’hui sur le fond même de la proposi tion, ni à répéter nos arguments contre le scrutin de liste purement majoritaire. Nous ne pouvons considérer 1a proposition de M. Dopasse et les concours qu’elle recueille que comme une indication, mais comme une in dication précieuse. A supposer qu'elle vienne en discussion, que le scrutin de liste retrouve la majorité qu’il a obtenue il y a deux mois, la propor tionnelle se grefferait sur ce vote dans des conditions plus favorables encore qu’au mois d’octobre, et nous nous trouverions alors beaucoup plus qu'à ce moment en présence des raisons d’opportunité qui avaient décidé l'attitude de M. Briand. Il est bien évident qu’on ne pourrait matériel lement pas, dans les quatre mois qui nous séparent des élections, obtenir le vote de la Chambre, la confirmation du Sénat et la mise en application d’un nouveau régime électoral. La proposition de M. Dépasse ne peut donc être qu’une manifestation platonique, mais combien significative ! Comme elle justifie ceux qui pensent, avec le président «lu conseil et le convcnt du Grand-Orient de France, que la réforme électorale doit s’inscrire en tête de tous les programmes républicains 1...