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La Petite Gironde, 25 novembre 1907

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La Petite Gironde
25 novembre 1907


Extrait du journal

La tâche d’un bon chroniqueur (je dis « bon » dans le sens le plus modeste, celui de « consciencieux ») comporte deux devoirs principaux : l’exactitude dans l’exposé des faits, la mesure dans les conclusions. Il pa rait, hélas 1 que la semaine dernière j’ai fou lé aux pieds le premier de çes devoirs. J’ai péché, d’ailleurs, le plus innocemment du monde ; mais si excusable que soit ma fau te, je dois la confesser, l’expliquer et la ré parer. Sur la foi d'une communication qui m’a vait paYu sérieuse, j'ai tracé ici un tableau attristant des récréations au petit lycée de Talence. J’y montrais des enfants obligés de « se tenir bien tranquilles », empêchés de s’ébattre, de courir, de jouer à leur gui se, réduits pour toute distraction et tout exercice physique à se promener dans une cour ou à jouer aux billes. Le correspondant qui m’avait raconté ccs choses attristantes en rejetait la faute sur la loi et les usages administratifs qui main tenant rendent les maîtres et professeurs responsables des accidents qui peuvent se produire dans les jeux un peu violents et même dans ceux qui ne le sont pas (car un enfant peut glisser eu descendait un esca lier aussi bien qu'en sautant ou en courant). Comme les mêmes plaintes, les mêmes cri tiques avaient été formulées déjà à la der nière rentrée des classes dans les journaux parisiens, je crus mon correspondant sur parole; je pensai que l’interdiction des jeux « où l’on s’agite » s'était étendue jusque chez nous, et je suis parti en guerre contre les empêcheurs de remuer en rond et au trement. J’aurais dû sans doute, avant d'entrer en campagne, contrôler les renseignements qui m’étaient fournis. Une visite au lycée de Talence n’avait rien qui pût m’être désa gréable, bien au contraire : j’y aurais sans nul cloute trouvé plaisir et profit ; mais quelque ennui que j'éprouve à saisir le pu blic de mes misères physiques, je dois avouer qu’en ce moment je suis fort mal en point et obligé, ou peu s'en faut, de ne point...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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