Extrait du journal

Le plus pressant besoin comme le plus ar dent désir du pays, c’est de pouvoir travailler en paix à la réparation -de ses désastres de 1870-71, c’est de refaire son épargne, de re constituer ses forces, afin de reprendre, au mo ment opportun, la place que les criminelles fo lies de l’empire lui ont fait perdre en Europe. Pour cela, il est évident que la sécurité du lendemain lui est indispensable, qu’il lui faut un gouvernement incontesté, soustrait aux fluctuations des partis, capable de dominer de haut et de déjouer sans peine les menées de ses adversaires. Cette nécessité est si bien sen tie, si universellement comprise, que pas un des ennemis de la République n’oserait relever le défi d’avancer devant une réunion d’élec teurs sénatoriaux qu’il poursuit, au risque d’une révolution, le renversement de la forme actuelle du gouvernement. La France a soif de stabilité. Elle comprend qu’un gouvernement chancelant, menacé, incertain de sa durée, se rait incapable d’affronter avec succès les éven tualités européennes que recèle un avenir peut-être plus prochain qu’on ne pense. Ce gouvernement stable et fort, ce gouvernement nécessaire au salut du pays, la Constitution ré publicaine du 25 février 1875 l’a organisé dans les conditions les plus satisfaisantes. La Répu blique constitutionnelle a l’autorité du droit, la volonté du peuple et la conformité avec les be soins et les tendances d’une société depuis longtemps démocratisée. Nul gouvernement ne sera plus ouïssant, plus inébranlable, mieux armé pour assurer l’ordre, plus capable de ga rantir les intérêts conservateurs en même temps qu’il nous donnera le bien suprême qui fait les peuples fiers et forts : la liberté ! Pour que la Constitution porte ses fruits, pour que son application fasse succéder le calme et la sécurité aux incertitudes du provisoire, une condition suffit : que le Sénat soit fermé aux ennemis de la Constitution. C’est le Sénat, en effet, qui joue dans l’organisme constitutionnel le rôle essentiel, fondamental, d’élément con servateur, d’élément de durée, de continuité, de fixité. Il est la base ferme et solide sur la quelle repose en grande partie l’édifice ; il est le pivot de la machine constitutionnelle. Grâce à l’institution du Sénat, telle qu’elle a été or-...