Extrait du journal

nes comiques. Il s suffi de baisser le ri deau, et les marionnettes ont disparu. De nouvelles alarmes ne tarderont pas d’ailleurs à se faire jour, car nous avons de gros travaux à accomplir. Chacun sait que ces travaux ne s'accompliront pas; mais, comme on a crié sur les toits que si l’on n’en venait pas à bout c'en était fait l'an prochain de la Républi que, on va se jeter dans le travail avec une ardeur non pareille. I.u Chambre, n’en doutez pas, va siéger matin, soir et nuit, avec d'autant plus d'empressement que la Chambre peut siéger sans que les députés en fassent autant. Rien n'est plus commode : les députés ne sont pas là, mais la Chambre y est tout de même. Toutes les fois qu'un député s’avise de déposer dans l’urne un bulletin con traire à ceti séances du matin, où ne viennent que les huissiers, ses collègues ne manquent pas de le ramener à une plus juste compréhension dns choses, en lui disant : « Qu’est-ce que cela vous fait? Vous n’y viendrez pas... » Il est même à constater qu’aucun do ceux qui votent ces séances n’y apparaît jamais, et que le peu de membres qui siègent sont ceux qui s'y sont opposés. Ce qui s’explique aisément quand on songe que ces derniers sont tout juste ment les seuls qui prennent leur mandat et leurs votes au sérieux. Leurs camarades, ou collègues si vous l'aimez mieux, ne prennent qu’une chose au sérieux : le bluff électoral. Et à ceux qui leur reprocheront de n’avoir pas tra vaillé, ils opposeront triomphalement les scrutins où ils ont montré tant de zèle pour fixer des séances auxquelles ja mais ils n’assistèrent. Le plus drôle de cette drôlerie, c’est qu’il suffirait d’un peu de bon sens aux électeurs pour reconnaître le pufllsme. Si en effet leurs représentants beso gnaient sans désemparer, ainsi qu’ils le prétendent, depuis l’entrée ou ciel de l'aurore aux doigts roses jusque bien avant dans la nuit, le plus souvent mê me en supprimant le repas, ils n’auraient pas le bon teint que voilà ni la mine aussi gaillarde. Ils succomberaient com me dos mouches, ce qui serait fâcheux, car, pour avoir trop voulu représenter, ils ne représenteraient plus rien du tout. Mais rassurez-vous, on y a mis lion ordre. Ce labeur, qui dépasserait les for ces humaines, ressemble à ces poids énor mes que semble soulever avec tant de peine un hercule de foire, et que, la re présentation finie, un petit garçon rem porte en masse sous son bras. Les poids sont creux, le labeur aussi. Lorsque de cette manière une loi est votée par le Parlement, elle n’en est peutêtre ni meilleure ni pire; mais ce (Rie vous pouvez parier en toute sûreté, c’est qu’il n’y n pas un dixième des députés qui In connaissent. Nul, dit le droit, n’est censé ignorer la loi. On pourrait ajou ter : excepté ceux qui la font. (iràcc à celle apparence de surmenage, aboutirons-nous à nous acquitter de tout ce qui nous rente à faire ? Il est, je le répète, permis d’en douter. Or, sera-ce vraiment une calamité ? Dans les comptes qui m'ont été donnés sur le Louvre, on me parle d'un escalier qui attend sa réparation depuis la Re naissance. J'ai pensé qu’il devait en avoir pris l'habitude. Je crois que la nation, elle aussi, at tend depuis si longtemps les lois qu’on veut lui faire qu’elle pourrait bien les attendre quelques mois de plus sans in convénient. Henry MARET....