Extrait du journal

pomme de terre, alors inconnue chez nous, tandis que, depuis deux siècles, elle servait à l’alimenta tion de l’Allemagne, de la Suisse et de l’Irlande. Ce qu’il eut de difficultés à surmonter, de préjugés à combattre, de préventions à vaincre, est inimagina ble. Il eut ù lutter contre le scepticisme des grands et contre la routine des petits. On alla jusqu’à l’ac cuser de vouloir empoisonner le pays. Parmentier tint bon. Il obtint enfin que le roi Louis XV I plaçât à sa boutonnière un bouquet de fleurs de la plante suspecte, et dès lors la cause fut gagnée dans le monde des courtisans. Mais il fallut encore bien des années de propagande pour la gagner aussi devant l’opinion publique. Si beaucoup ignorent le nom de Parmentier, il n'est du moins personne qui ne connaisse les ser vices immenses rendus par la pomme de terre aux classes laborieuses, à tous les pauvres gens. Inutile d insister sur ce point. C’est donc une dette de re connaissance que la France acquitte en ce moment envers Parmentier, lequel a été certainement beau coup plus utile à ses compatriotes que tel homme de guerre ou tel p fliticien célébré par tous les ma nuels d'histoire, et tous ceux qui ne pourront pas assister aux fêtes de Montdidier tiendront du moins ù rendre hommage à la mémoire de ce modeste et grand citoyen, d’autant plus grand qu’il a été plus modeste....