Extrait du journal

courses vagabondes. Cependant, ils n'o mettent pas de faire de temps à autre des randonnées autour de leur village attitré pour surveiller la croissance des couvées de poulets et les portées de lapins, aux quelles ils témoignent un intérêt aussi at tentif que peu paternel.: Le régime d’été de la fouine comporte plus de variété que celui d’hiver. Les fruits de nos jardins et vergers ont pour elle un attrait qu’elle ne dissimule pas en les ma raudant sans vergogne. , Changement de nourriture, changement de domicile. Tant que la température est chaude ou douce, 1$ fouine jouit du plein air, se cachant pendant la journée sous les ronciers, les buissons épineux, les haies, dans les fissures de roches ou les trous d’arbres. Parmi ces derniers, elle préfère ceux, comme les saules, que l’on étête. Les pluies, pourrissant le cœur, lui ména gent des réduits commodes. Avec le froid, tout en se vêtant plus douillettement, elle recherche des abris plus confortables et mieux défendus. Les maisons abandonnées, amas de grosses pier res, tas de bois, de grains ou de fascines, amoncellement de décombres lui offriront des retraites sûres, à moins qu’elle ne trou ve plus simple et plus agréable de se lo ger, sans permission ni paiement de loyer, dans nos granges, héberges ou étables. On le voit, elle a le choix, et en use et même abuse. Toujours sanguinaire, féroce souvent pour la seule griserie d’égoYger, la fouine, malgré sa petite taille, est le plus redou table ennemi de nos poulaillers. Elle est cent fois plus à craindre que le renard. Celui-ci vient, cauteleux et narines au vent, faire une ronde nocturne autour de nos demeures endormies ; mais sa corpulence, bien que modeste, ne lui facilite pas les entrées partout. Il récolte les égarés. La fouine est là, sous notre toit même, prête, sans faillir, à profiter d’une porte mal close ou disjointe, pour s’introduire parmi les volailles au perchoir. Alors, c’est le carnage 1... Il lui faut si peu de place pour se fau filer! Son corps flexible, élastique, s’étire, s’aplatit, s’insinue par une fente où l’on ne passerait pas la main. Pourquoi a-t-on surnommé fouine la martre domestique? Cette appellation ne lui viendrait-elle pas de la prédilection qu’on lui connaît pour les fenils? En fait, elle ne se plaît nulle part mieux que sur les greniers à foin, dans lequel elle se mé nage facilement des galeries avec refuites multiples. Elle y trouve tout le bien-être désirable : couchette chaude, sèche, épaisse à souhait, avec ses garde-manger sous la dent. Et quelle dent 1 Fine, aiguë, tranchante, cruelle toujours 1 Quand on prend une foui ne au piège et qu’elle n’y est retenue que par une patte, une bonne précaution est de l’assommer avant d’approcher à portée de sa mâchoire. Autrement, gare aux doigts ou aux jambes 1 Souvent je capture ainsi des fouines dans les combles de ma maison. Des fers y sont tendus en permanence. En juillet dernier, une jeune martre s’y était prise simplement par une cuisse. J’en profitai pour donner une leçon de choses à un jeu ne garçon qui m’est cher. Pour lui mon trer d’abord la force et la résistance élas tique du corps de l’animal, je frappai à tour de bras la prisonnière avec un gour din de bois blanc. Après cette bastonnade, elle était aussi vive et agressive qu’auparavant. Alors, je lui présentai l’extrémité, du bâton. Il craqua sous ses dents comme un morceau de sucre sous celles d’un chien. La démonstration était suffisante. Pour terminer le supplice de la détrousseuse, je l'achevai d’un coup de carabine. Albert BLASS....