Extrait du journal
plus, ne s’améliore pas. M. Delcassé, dans la dernière communication qu’il a faite au Sénat, s’est montré plutôt pessimiste. Et, en effet, il semble bien que l’on doive renoncer dès maintenant à l’espoir d’un règlement des difficultés pendantes par une victoire décisive du Maghsen. Le pré tendant a reculé; mais il n’est pas vaincu. On dit, d’autre part, que le sultan, n’ayant nullement abandonné les goûts et les pra tiques qu’il a empruntés à son entourage européen, perd chaque jour du terrain et que l'animosité de ses sujets fanatiques se déclare de plus en plus contre lui. Nous aurions donc, bientôt, un parti boxer au Maroc. Peut-être convient-il, avant d’accepter ces on-dit, de tenir compte des tendances manifestes qu’ont certains Intérêts à faus ser l’opinion sur la question du Maroc. Nous sommes très mal renseignés en France, et c’est nous qui devrions y voir le plus clair, puisque nous sommes les premiers intéressés. Quoi qu’il en soit, du peu que nous sa vons il est permis de conclure que si, sur les lieux comme en Europe, la question est «« en sommeil », elle peut se réveiller avec les conséquences les plus graves d’un moment à l’autre. En attendant, il nous appartient de sur veiller jalousement l’effort qui se fait pour rattacher l’affaire du Maroc proprement dit aux affaires de l’extrême Sud algérien. Comme on n’a pas pu nous prendre la main dans les dangereuses combinaisons internationales qui, un instant, furent mi ses à l’étude, on pourrait bien, mainte nant nous tendre un autre piège en ré pandant le bruit que Bou-Amama s'est mis d’accord avec le prétendant Qu’a donc à faire, dans tout cela, BouAmama? Figuig, c’est bien loin, et le sul tan doit avoir d'autre chat à fouetter que de S'occuper des oa'àis sahariennes.' : D'ailleurs,: : là plus qu’ailleurs . encore nous sommes en situation de faire nos affaires nous-mêmes : personne n’a rien à y voir. Nous avons poussé la longani mité à ses dernières limites. Assez causé. Si l’on veut nous prendre au piège d’une complication africaine quelconque, n’ad mettons pus, en tout cas, que ce soit chez nous qu’on vienne préparer les filets. Gabriel HANOTAUX....
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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