Extrait du journal

II y a quelques années, un maître pay sagiste vint s’installer à Bordeaux pour faire un tableau de notre port. Il multiplia les croquis et les esquisses à des heures et sous des lumières diverses, par temps clair ou couvert. Et, quand son tableau fut au point, il» convoqua quelques amis bordelais dans son atelier. Chacun de s’ex| tasier sur la vibration de l’atmosphère, le grouillement des quais, I» tache des bar ques colorées. Un vieil amateur se con tentait de hocher la tête sans souffler mot. Le maître l’interpella doucement : « Eh bien I mon cher, ça vous plaît ? »— Ça me plaît comme peinture, fit le bonhomme, mais quel est ne ce port? » Il y eut un « temps froid », comme on dit au théâtre. Le maître n’osait ni rire, ni sc fâcher. Il fallut « prendre la bille en dessous » et lui expliquer avec force précautions oratoires que la couleur des eaux et du ciel de Bordeaux était si spé ciale que, même aux spécialistes, une longue initiation était .nécessaire pour se familiariser avec elle. Aussi, lisons-nous sans surprise, dan^ un journal de Paris, sous la signature de M. Emile Henriot, les lignes suivantes, à propos d’une exposition du peintre Charles Lacoste, à la galerie Barbazanges : « Surtout, ce qu’il a su exprimer, selon nous, avec la plus heureuse per...