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La Petite Gironde, 29 avril 1921

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La Petite Gironde
29 avril 1921


Extrait du journal

beaux, des dents fort blanches et. des lè vres dont le rouge vif et presque sanglant m’avait tout particulièrement frappé. Mais, depuis la mort de mon frère, peu à peu, et semaine par semaine, elle avait, pour ainsi dire, mis à Jour une beauté : — c’étaient, d’abord, de magnifiques cheveux, bleus â force d'être noirs, (font elle avait tiré de dessous sa coiffe la riche réserve, et dont elle s’était fait de splendides nattes; c’était un cou. doré comme l'épi au mois de Juillet, qu’elle avait dégagé d'une collerette mon tante; c’était une taille souple et flexible comme le bouleau de nos forêts, qu’elle avait enfermée dans une robe de deuil en taffetas noir; c'était un pied espagnol, mieux que cela, un pied basque, qu'elle chaussait et emprisonnait de nouveau, mais, cette fols, dans un soulier à rubans flottants; c'était une double rangée de dents blanches, qu elle montrait même sans sou rire, comme si ses lèvres eussent été trop courtes et trop arrondies pour se. rejoindre; c’étaient, enfin, des mots charmants dits en patois de nos montagnes, avec un mélodieux accent basque, et qui me semblaient, quand cite m'adressait la parole, — ce qui, au res te. lui arrivait rarement, — un écho du pays natal. • Latssez-niol vous dire toutes les séduc tions de cette femme, A qui J'eusse donné quarante ans la première rois que je l’avais vue, et qui, au fur et A mesure qu'elle défioulllalt l’ancien costume, semblait dépouller avec lut les années;- de sorte qu’au bout de trois mois. Je lut eusse donné A peine trente ans. C’est là ma seule excuse à rinfâ me ascendant que cette abominable créature finit par prendre sur moi. ■ J'avais, Je vous l’ai dit, perdu ma femme très Jeune, et après d'assez tristes années de mariage. Doué d’une constitution assez ro buste, d’un tempérament d'homme du Midi, mes passions avalent pu momentanément mais devaient infailliblement, ou l autre, se réveiller. Plusieurs...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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