Extrait du journal

De l’an qui part à Tan qui vient L’année qui s’achève aura été une des années les ^ plus noires et les plus lamentables de l’histoire de notre pays. Que sera celle qui vient ? Nul ne peut le dire. Mais co qu'on peut affirmer, à la lumière des événements tragiques qui viennent de se dérouler, c’est qu’elle sera ce que nous la ferons »t que le cours néfaste des événe monts ne changera pour nous que si nous changeons nous mêmes d'attitude et si — renonçant à attendre notre salut de ceux qui ne veulent que notre ruine — nous nous décidons enfin à le réaliser nous-mêmes, en adoptant une politique nettement définie et nettement suivie. Il est maintenant surabondamment démontré que l’attentisme n'a produit que des catastrophes et qu'en s'obstinant â miser sur les deux tableaux on finit tou jours par perdreAujourd’hui que nous avons, à ce triste Jeu, perdu à peu près tout ce que nous pouvions perdre, 11 ne nous reste plus qu’à «méditer nos malheurs», tir*' que le conseillait le Maréchal dans son ^mouvant message de Noël, et à nous décider à adopter une attitude positive. Cette attitude positive est d'ailleurs assez sin.ple à définir : I e Chef de l’Etat, en cette fin d'année lugubre, a remis les pleins pouvoirs au chef du gouvernement. Muni rte ces pleins pouvoirs. M. Pierre Laval est parti pour l’Allemagne, où 11 était le seul — après tous nos renoncements, toutes nos fautes et toutes nos trahi sons — à pouvoir faire entendre encore la voix de ta France. Cette voix de la France — d’une France désormais sans Empire, sans armée et sans flotte — a cependant été entendue. On négocie encore avec nous. On travaille encore avec nous, bien que nous nous présentions désormais les mains vides Nous n’avons plus qu’à saisir cette dernière chance ou à acceptei de périr. Pierre Laval affirmait récemment qu’il était décidé à sauver le pays, au besoin malgré lui, et à briser tous les obstacles. Nous connaîtrons bientôt les décisions par lesquelles 11 va matérialiser cette volonté et faire passer dans la réalité ccs paroles de chefs. Pour nous, au seuil de l’an qui vient, nous souhaitons simplement nue cette volonté s'impose à tous et que nous trouvions dans l'excès de nos malheurs la preuve évidente que nous taisions fausse route. II fallait peut-être toucher le fond pour pouvoir donner le coup de talon désespéré, qui fait parfois remonter le nové à la surface .... „ Nous repartons à zéro, mais 11 faut nous estimer heu reux de pouvoii encore repartir. Par exemple, si nous manquons ce dernier départ, nous serons définltivem-nt mis hors de course. Mais nous ne le manquerons pas. si nos chefs savent vouloir et imposeï leur volonté. Ainsi l’année nouvelle pourra effacer et réparer dans une certaine mesure les fautes de celles qui l’ont précédée. Ainsi, la France pourra encore affirmer son droit à l'existence et. retrouver sa place de grande nation dans une Europe toujours prête à l'accueillir, à condition qu'elle accepte rte s’en déclarer solidaire. Tel est notre vœu 'e olus sincère et le plus ardent. Louis VAIETON...