Extrait du journal

ne me marierai jamais si je ne sais pas libre dans mon choix. » Le prieur sourit. « Hum! reprit-il, je vois, mon enfant, que votre volonté est loin d’être brisée, comme on le disait, par vos chagrins récents!... Mais pouvez-vous croi re que les Pères do Frontenac, dont vous avez éprouvé tant do foie la bonté et la justice, vou draient tyranniser vos sentiments? Telle n’est pas leur pensée,car ils n’ont en vue que votre bonheur. Aussi je vous conjure do me répondre avec sincé rité : votre choix, à vous, ne se serait-il encore fixé sur personne?» Christine tourna brusquement la tête : « Sur per sonne, répondit-elle. — Réfléchissez bien, ma fille, et qu’aucune mau vaise honte ne vous arrête... Rôpondez-moi comme vous répondriez à une mère, à un confesseur... Parmi les jeunes gens que vous avez pu voir ici ou ailleurs, n’en est il pas un qui vous aurait inspiré un sentiment de préférence? — Non, répliqua Christine. — C’est étrange ! j’avais cru pourtant:.. Mais j’y songe, ma fille, peut-être craignez-vous de laisser voir cotte préférence, parce qu’elle serait tombée sur une personne dont la fortune et la condition se raient inférieures aux vôtres. Qu’une semblable considération ne vous empêche pas d’avouer la vé rité : nous sommes de meilleurs juges que vousmême sur la distance qui vous sépare de l’objet de votre choix... Je vous supplie donc, afin d’éviter toutes conséquences fâcheuses, de vous expliquer avec franchise. » Il attachait un regard pénétrant sur mademoiselle de Barjac, qui ne pouvait dissimuler son malaise. Elle répondit avec une sorte de colère : « Je ne comprends pas, révérend Père, d’où peut...