Extrait du journal

Ils allaient sans mot dire, le long de la route déserte, allongeant le pas, insou cieux des flaques d’eau dans lesquelles ils clapotaient, écoutant un murmure, épiant une rumeur, puis repartant, après s’être assurés de la solitude et du silence qui les entouraient. Fanfan dormait ; son âme était retour née vers les lieux qu’elle avait un moment quittés; elle allait s’y retremper dans une atmosphère de pureté et de tendresse, s’y laver des souillures dont on avait tenté de la salir, et y chercher peut-être une pro tection contre le mal. Il rêvait de douces caresses, de tendres baisers de sa mère. Au bout de deux heures, une masse sombre se dressa devant les deux hommes ; c’était le village de Moisdon, le but de leur course. Il firent halte avant les premières mai sons, à l’abri des vieux murs d’une grange, afin de prendre leurs dernières disposi tions....