Extrait du journal

A RONCHAMP Un épouvantable accident de mines vient d’éclater à Ronchamp. Seize cada vres ont été retrouvés ; six sont encore enfouis sous les décombres. C’est le grisou, l’éternel ennemi, qui a fait ces victimes l Comment et pourquoi? La sé curité de la mine était-elle complètement assurée, toutes les précautions avaientelles été prises ? Y à-t-il eu quelque fait de négligence ou d’incurie, ou bien l’ac cident s’est-il produit sans aucune cause appréciable? C’est évidemment ce qu’on ne saura jamais. Le seul témoin qui reste, le chef de poste miraculeusement ramené à la vie, a perdu le souvenir de ce qui s’est passé; il n’a pu répondre à l’interrogatoire. Il est possible que rien n’ait été épar gné de ce qui pouvait sauvegarder la vie des ouvriers. Le seul fait qu’on puisse émettre un doute est assurément grave. Aussi le vote définitif de la loi sur les délégués mineurs est-il indispensable ; aucune réforme n’est plus urgente. Toutes ces réflexions me venaient à l’esprit en suivant samedi le long convoi des victimes de Ronchamp. Quel affreux spectacle que celui de ces familles en pleurs, de ces veuves, de ces orphelins, tous atteints du môme coup I Une de ces...