Extrait du journal

De même, il y a des délégués qui veulent que le programme mentionne expressément la grève générale comme un des moyens d’action du prolétariat. La grève générale est un fait. A me sure que les syndicats ouvriers se fé dèrent et que la classe ouvrière prend conscience de son unité et de sa solida rité, elle conçoit tout naturellement la pensée de généraliser la grève, et de peser, par la grève générale, non seu lement sur le patronat, mais sur les pouvoirs publics. Je suis convaincu (je l’ai toujours dit) que la grève générale entrera dans la méthode d’action de la classe ouvrière comme y est entrée la grève partielle. Mais le prolétariat se trompe s’il croit que la grève générale peut faire tomber d’un bloc le système capitaliste et sus citer d’un coup le communisme. Il se trompe aussi s’il croit qu’il y a là un moyen magique qui le dispense de la propagande théorique, de l’éducation in tellectuelle, de la lenteorganisation syn dicale et coopérative, de la conquête graduelle du pouvoir politique. Puisqu’on rappelle, et avec raison, les décisions des Congrès, il ne faut pas oublier le texte volé par le Con grès international de Paris : « La con quête du pouvoir dans une démocratie ne peut être le résultat d’un coup de main, mais d’un long et patient effort. » La grève générale, si on ne la gâche pas en l’employant à tout propos et hors de propos, peut être et sera une partie de ce grand effort prolétarien. Elle se classera à son rang, c’est-àdire comme une force utile, mais non décisive, parmi les nombreux moyens d’action dont dispose la classe ou vrière. JEAN JAURÈS....