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La Petite République, 5 février 1899

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La Petite République
5 février 1899


Extrait du journal

Dans un récent article où, après Labnsquièro, je parlais do l’émiettement du Conseil municipal, j’écrivais : a Républicains, socialistes, ressaisissezvous ! De l’union entre gens de cœur et de convictions sûres ! » Déjà, les socialistes se sont ressaisis. Ils ont constitué un groupe, désormais — il faut l’espérer — actif, discipliné et solide, en raison de l’homogénéité do ses membres et de la parité de leurs opinions et de leurs desseins. Cinq conseillers ont été éliminés,dont quatre au moins ne pouvaient, par la diver gence de leurs vues, par l’incohérence de leur conduite, qu’être une cause de division et de faiblesse pour le groupe de nos amis. Tous ceux qui, dès longtemps, ont voué leur vie à la défense et à la pro pagande de l’idée socialiste, ont tres sailli de joie à l’annonce d’une telle décision. Je viens d’écrire là un mot qu’il faut exnliquer. Aucune vieille barbe ne peut, sans folie, rêver d’accaparer ou de diriger le mouvement socialiste. Qu’en eux-mêmes ceux qui ont livré les premiers combats, gardent l’orgueil de ces luttes où l’audace suppléait au nom bre, c’est vanité qu’on nous pardon nera. Mais, dans sa marche vers la Vic toire, la phalange de l'Idée doit accueil lir tous ceux, jeunes ou vieux qui. sincères, offrent de grossir ses rangs. Les jeunes n’ont point de passé à ou blier ; ils arrivent avec la générosité de leur foi et n’excitent aucune récrimina tion. Ceux qui, plus âgés, ont déjà pris part aux batailles politiques, éveillent, par leur conversion, des critiques, des jalousies, des colères. Qu’importe? Ils ont droit à leur place parmi nous, pourvu que leur vie soit probe et leur adhésion loyale. Mais il y faut regarder. Un parti politique a besoin de frontières. Son honneur l’exige ; son intérêt, la sûreté de sa marche le commandent. Qu’il distribue libéralement des lettres de naturalisation à ceux qui en toute sin cérité les lui demandent, rien de mieux ; mais qu’il évite de ressembler à une Cour des miracles, où s’assemblent, passent, vont et viennent tous les truands de la politique. L’expérience a démontré à nos amis du Conseil municipal la vérité de mes dires. Qu’ils me permettent de traduire — oh! à ma guise, sans engager d’au tre responsabilité que la mienne — les décisions qu’ils ont prises. D’abord, ils. sont las de faire naïve ment la courte échelle à des intrigants qui, grâce à eux, sont arrivés à se créer à l’Hôtel de Ville une situation que ne justifient ni leur nombre, ni leurs mé rites personnels, ni les services rendus. N’a-t-on pas vu, en effet, l’année der nière, le petit noyau de cinq ou six an ciens boulangistes, sous le prétexte outrecuidant de représenter le parti socialiste, prendre pour lui le rapport général du budget, un siège de viceprésident et un siège de secrétaire dans le bureau du Conseil? Avec une habileté dépourvue de scru pules, ils sont parvenus aussi à occuper, au détriment des vrais socialistes, les places utiles dans les commissions im portantes. Que disent encore les décisions du nouveau groupe socialiste? Que, grâce à ces éléments inconsis tants et d’une valeur morale probléma tique, notre parti n’a pas, au cours de ces dernières années, marqué sa trace d’une manière assez ferme dans la poli tique et dans les affaires municipales; que tous nos amis en ont souffert et qu’ils entendent, dorénavant, par la coordination de leurs efforts, par l’unité, la vigueur et la netteté de leur action, affirmer nos doctrines et permettre au public de discerner aisément entre eux et ceux qu’animent seuls l’esprit d’in trigue et do vils sentiments démagogi ques. Ce faisant, nos amis ne se sont pas bornés à servir l’idée socialiste et notre parti : ils rendent facile la reprise des libres traditions municipales do Paris. Les préfets ont profité do la dispertion des forces radicales et socialistes...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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