Extrait du journal

Le véritable responsable Il était hier assis, piteux et pâle, au banc des ministres. Et encore il y était en qualité de président du conseil. C’est M. Dupuy. Cet homme, dont le cynisme dépasse les bornes même assignées à sa médiocrité, est monté à la tribune pour déclarer qu’il ne fallait aucune amnistie. Pour appuyer son dire, il a lu un article précieusement gardé, vieux de six mois, long de cinq lignes — signé par Bre ton fit dont ,1’auteur fut — on e’en souvient —frappé par la cour d’assises de deux ans de priscTn. Mais à peine était-il descendu qu'il a reçu la leçon que méritait son insolence. M. Goblet, indigné d’une pareille audace, s’est dressé, aux applaudissements des hon nêtes gens, en face de M. Dupuy. En quel ques paroles, il a flagellé le président du Con seil. 11 a montré de quel côté étaient les responsabilités — et qu’il fallait avoir une singulière audace pour rappeler l’as sassinat de M. Carnot quand on a, comme M. Dupuy, désorganisé la police et dégarni la voiture du président, et par une négli gence criminelle permis ce crime. A ce moment, l’opposition tout entière s’est dressée, montrant du doigt le malheureux ministre, écrasé à son banc sous les huées. Et le centre, silencieux, houleux, n'osait même pas défendre ce chef de gouvernement qui n’eut même pas la pudeur d’aller recevoir à la gare de Lyon le cadavre du président qu’il prend aujourd’hui pour tremplin. De l’avis de tous, M. Dupuy est anéanti. Sa carrière est terminée. D’autres finiraient plus honorablement. Chacun fait ce qu’il peut. René Viviani....