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La Petite République, 10 avril 1911

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La Petite République
10 avril 1911


Extrait du journal

n’allez pas faire à la ville de Lyon l’af front de payer ce petit bout de soierie. Vous êtes son hôte, elle vous doit bien ça. Lu célibataire. — Je suis honteux... Le chef de gare. — Vous avez tort. (Aimable.) Regardez plutôt ces montres. L’orfèvrerie, c'est aussi une spécialité de notre ville. Le célibataire. — Je vous avouerai que je n'ose plus rien admirer. Cela de viendrait de l'indiscrétion. Lu chef de gare, il entre dans la bijou terie. dit quelques mots ù l'oreille du bi joutier, et prend un superbe chronomètre qu'il met dans la main du voyageur. — Examinez celte pièce. Est-ce assez bien Ira vaille ? Et c'est un chronomètre qui ne se dérange pas d'une minute par mois. Du reste, vous verrez. Vous m'en direz des nouvelles. (Il oblige le voyageur ù mettre le chronomètre dans sa poche.) Le célibataire, sc fâchant. — C est vraiment trop de bontés. Je ne suis plus seulement confus. Je deviens furieux. J’exige une explication. Le chef de gare, souriant. —» Je vais vous la donner. Mais auparavant, jetez un coup d'œil sur cette place, la place Bellecour. et dites-moi si vous en avez une semblable à Marseille. Le célibataire. — Je ne connais pas Marseille, mais je vais m'y fixer... Le chef de gare. — \ eus fixer à Mar seille î Le célibataire. — Les loyers y sont, paraît-il, bon marché. Le chef de gare, montrant une superbe maison. — Vous voyez ce splendide ap partement. au premier. Eh bien ! je me fais fort de vous y loger un an pour rien, vous entendez, pour rien. Etes-vous ma rié Y Le célibataire. — Pas encore. Le chef de gare, radieux. — C est par lait. Pas plus tard que demain je vous trouverai une Lyonnaise exquise et avec deux cent mille francs de dot. \ ous serez comme des princes dans ce bel apparte ment... Le célibataire, inquiet. — Vous êtes bien chef de gare Y Vous n'avez jamais été blessé à la tète Y Le chef de gare. — V ous me croyez fou Y Jo suis simplement citoyen de Lyon. Vous allez comprendre. « Les dernières nouvelles du recense ment sont désastreuses. « Lyon ne compte que 520.000 habitants, alors que Marseille en a déjà 521.000 ! Alors v ous comprenez, il faut absolument que nous gardions à Lyon les voyageurs, surtout les célibataires, qui sont eu route pour Marseille. « Aussi la municipalité est disposée pour cela aux plus grands sacrifices. « Vous voyez que vous pouvez accepter sans crainte d'être indiscret le saucisson, le coupon de soie cl le chronomètre ; et aussi un appartement et une femme avec dot. « C'est ce qui attend ici les transfuges de Marseille. « Si vous avez des amis et connaissan ces... u HENRI PELLŒR....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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