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La Petite République, 10 février 1903

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La Petite République
10 février 1903


Extrait du journal

Nous redoutions pour l’honneur de notre pays un verdict autre que celui rendu hier a Montpellier, qui acquitte quatre-vingts des prévenus de Margueritte et épargne aux promoteurs du mouvement la peine capitale réclamée par d’inexorables pion niers de la civilisation française. Grâces soient rendues aux jurés! Ils ont jugé ce procès obscur et compliqué avec le souci qui les honore de faire la part du fanatisme musulman, la part aussi de notre responsabilité. Yacoub n’eût point recruté aussi vite des fidèles pour sa croisade sans le concours d’Allah et de son prophète, je veux dire que ses appels fussent demeurés vains au milieu crune population dépourvue de foi, s’il n’avait pas fait entrevoir au terme de l’en treprise la double récompense du paradis et du pillage. Mais il existe une autre raison de son influence sur ses coreligionnaires, c’est la communauté des souffrances et des haines. Les Arabes et les Kabyles nous détestent parce que nous n’avons omis aucun des actes qui rendent des hommes détestables à d’autres hommes. Nous faisons peser sur eux le joug abhorré du vainqueur ; nous les blessons dans leurjdignité; nous les livrons, eux et leurs biens, aux convoi tises effrénées des spéculateurs déguisés en colons et de leurs propres aristocraties. Quand ils sont ruines, affamés, meurtris au plus profond de leur être moral, nous nous étonnons qu’ils ne bénissent point le jour qui vit nos étendards flotter sur leur pays. Le loup aussi exigeait que l’agneau exaltât sa bienfaisance. Nous jugeons sévèrement le loup : nous voyons en lui un fort vilain type d’animal. Mais il aura suffi que j’émette ici ces réserves sur notre vertu civilisatrice,pour m’attirer à nouveau les malédictions des patriotes. Voilà Yacoub et ses coadjuteurs immé diats condamnés. Si nous faisions à notre tour notre examen de conscience ! Si nous reconnaissions nos fautes après avoir châtié celles d’autrui, la peine que nous nous appliquerions serait plus douce. Elle consisterait en une réforme loyale de nos mœurs et de notre régime d’occupation algériens. 'Nous aurons beau rejeter les resm 1rs Kabyles....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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