Extrait du journal
BONNES FIGURES Que les bandits ne cherchent plus à se faire une tète d'honnête homme. Un savant anglais, dont il est inutile de dire le nom parce que nous ne saurions pas le prononcer, a découvert qu'il n'y avait aucune différence entre les têtes des honnêtes gens et celles des bandits. Une scrupuleuse étude de la conformation crânienne et faciale de quantité de convicts l'a conduit à conclure que ceux-ci avaient le chef fait comme la moyenne des gradués d'Oxford ou de Cambridge. D’après cette observation éminemment scientifique, rien ne vous prédestine particulièrement pour être, au lieu de l'assassin de la rue de PHomme-àl'Epée-de-Bois, l’auteur des Considérations sur la poésie légère à l’âge de pierre. Je ne sais d'ailleurs pas quel est le plus assassin des deux, mais il apparaitrait bien que Gall et Lombroso ne sont que des fumistes et que la bosse du crime n'existe pas. En tout cas, la réaction est bonne contre les théories conduisant à classer les individus suivant les apparences physiques. Quels beaux fronts croyez-vous chargés de génie qui sont plus vides qu'un traité d'écono mie politique. Que de grands yeux vous sem blent réfléchir tout l’infini de la pensée qui re flètent seulement le train qu'ils voient passer. Que de terrifiants bouledogues à la gueule de tout dévorer lèchent tendrement le cambrio leur. Et nos idées sur la distinction, la branche, la race ! Je ne voudrais pas médire des mai sons souveraines, mais rappelez-vous les ma jestés dont il vous a été donné de contempler les augustes traits, et demandez-vous de quoi auraient Pair certaines d’entre elles si elles remplaçaient le diadème par la casquette de soie. Il est des femmes adorées qui sont pro posées partout comme spécimens du chic su prême, mais on ne sait pas combien de temps elles ont fait les lits avant d’illustrer leur couche. Le premier effet des expériences anglaises sera de modifier l’éloquence du ministère pu blic. En effet, si l'avocat général s'emporte à dire : « Vous avez entendu, messieurs les ju rés, les dépositions accablantes de la veuve Sirop et de l’agent Câlin, mais il y a un té moignage plus fort encore que ceux-là et qui me suffit contre ce misérable : son visage. Ce visage où tous les bas instincts, tous les vices infâmes ont marqué leur hideux stigmate. Et pour que vous me donniez sa tête, je n'ai qu’à vous dire : messieurs, regardez-la ! » Il est à craindre que l'accusé ne réponde : « Dis donc ! tu ne t’es pas regardé ! ». — Charles Martel. /VWV\A LE DERNIER ERMITE. Il y en avait encore un — le dernier, sans douté — dans l’Europe occidentale. Il est vrai que c’était un Hindou, qui répondait au nom harmonieux de Bikthu Nianatiloka. Désireux de mener la vie contemplative et de prêcher par l'exemple le retour à la na ture, il s’était établi, loin du monde et de ses pompes, dans un rocher de l’alpe Pazz, parmi les montagnes les plus sauvages du Tessin. La rudesse du climat l'en chassa. Il chercha un autre ermitage aux environs de Lausanne, mais il ne put trouver une solitude assez re culée pour échapper aux quolibets des habi tants et au kodak des touristes. Dégoûté de l’Europe, l’ermite, qui était ca pitaliste — ce qui ne gâte aucun métier, même celui d'ermite — vient de faire l'emplette, au large de Cevlan, d'une île où il espère que nul ne viendra l’embêter. Il vogue à Cette heure vers son nouveau domaine. AAAAAA LE TRAVAIL AUX PIÈCES. Un de nos amis nous communique cette lettre inédite adressée naguère de Marly, par le maître Victorien Sardou, à un débutant ; les jeunes auteurs qui se destinent au théâtre fe ront bien de méditer ces lignes : <( Si vous voulez être auteur dramatique (en admettant que la nature vous ait créé tel, car il y faut le don) attaquez-vous à une pièce en un acte, une modeste petite pièce en un acte, en simple prose ! Et vous verrez que c’est déjà un rude labeur. Et si vous avez réussi, vous passerez à un autre exercice : la pièce en trois actes. Et vous verrez que c’est là, comme le disait Voltaire, une ouvre de démon/ et qu'il n’est pas surprenant que sur quarante mille...
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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